Sydney ou pas…?
« Vol 714 pour Sydney fait partie intégrante de l’œuvre de Hergé. Souvent critiqué, mal aimé et même qualifié d’album inutile, il recèle pourtant les réflexions existentielles, et peut-être les convictions, d’un homme de soixante ans à qui il reste quinze ans à vivre. »
Ce livre commence par un avertissement : « Notre souhait n’est pas de partir en quête de symboles cachés ou de faire la démonstration d’une passion supposée de Hergé pour l’astrologie, les ovnis ou les sciences occultes. Nous souhaitons simplement démontrer qu’une œuvre de génie est d’abord une création devant laquelle le créateur est un spectateur. » Hergé, lui, avait déclaré : « Là, j’ai voulu changer, revenir à l’Aventure avec un grand A… Sans y revenir vraiment. » Si Hergé a conçu son œuvre autour d’albums uniques et de diptyques, l’essayiste Jean Dubois démontre que Les bijoux de la Castafiore, Vol 714 pour Sidney et Tintin et les Picaros forment une trilogie qu’il intitule : En finir avec Tintin ? Il divise son ouvrage en deux parties distinctes.

Avant de se pencher au cœur du récit, où il sera question de destination, Dubois feuillette quelques albums antérieurs …pour, justement, en finir avec Tintin. Le Tibet est marquant par la quête spirituelle et intime de son auteur. Hergé fait sa thérapie et regrettera d’être allé si loin. C’est pour cela qu’il fera descendre Tintin de son piédestal dans Les bijoux. Pour annoncer son retour dans l’hebdomadaire éponyme, le visage de Tintin y est représenté sous forme de logo. Pour Dubois, Hergé a abouti avec la tête de son personnage à un logo parfait, au même titre que la pomme croquée est l’idée de génie d’Apple. Dans cette partie, il sera question de complexe, d’aventure, de perfection, de simplicité, et d’incompréhension aussi. Si Vol 714 fait partie des aventures de Tintin les moins appréciées, c’est parce qu’il n’a toujours pas été compris.

C’est dans la seconde partie de l’essai qu’il est question de destination. Si un biographe, Pierre Assouline pour ne pas le citer, a qualifié Vol 714 de l’album de trop, Jean Dubois conteste l’affirmation, expliquant qu’on n’a jamais dit à Picasso ou à Mozart qu’ils avaient fait l’œuvre de trop. Si le vol des bijoux de la Castafiore n’a jamais réellement été commis, celui avec atterrissage à Sydney n’aura non plus pas lieu, car l’avion sera détourné. Dubois disserte autour des couvre-chefs, longtemps et avec arguments, de Lazlo Carreidas, caricature de Marcel Dassault, du nombre de plaques sur la piste d’atterrissage, d’ovnis et de Jacques Bergier, ingénieur chimiste ayant des théories pseudo-scientifiques sur le paranormal, qui a inspiré Mik Ezdanitoff.

Avec une approche novatrice et un questionnement pertinent, Jean Dubois a réussi son coup de réhabilitation d’un album injustement mal-aimé. Le livre est disponible en version poche souple mais aussi en grand format rigide. Il y a également une édition collector avec couverture couleur. Quand on a fini de lire Tintin, on peut recommencer à lire Tintin. On y trouvera toujours quelque chose de nouveau.


Titre : La véritable destination du Vol 714
Genre : Ouvrage d’étude
Auteur : Jean Dubois
Éditeur : 3 : 1
ISBN : 9798311010887
Nombre de pages : 180
Prix : 14,90 €