Retour au Mont Maudit
« -Bienvenue à l’auberge du chamois, jeunes gens !
-Entrez, entrez ! Mettez-vous à l’aise. Vous avez fait bon voyage ?
-Heu… Oui, merci.
-Nous avons réserv…
-Je sais, je sais, ne vous en faites pas. A cette période de l’année, il n’y a pas grand monde A vrai dire, vous êtes les seuls. Je vous donne les clefs de vos chambres tout de suite ! Remarquez, même à la haute saison, c’est plutôt calme, par ici. Hi ! Hi ! Hi ! »
Les Oussards, ultime village avant la haute-montagne, un hameau accroché au flan des sommets séparant la Savoie française du Val d’Aoste italien. Livia, Emma, Yanis, Océane et Alessio débarquent à l’auberge du chamois. La propriétaire leur donne les clefs de leurs chambres. En cette saison, il n’y a pas grand monde. Ils sont mêmes les seuls clients. Les jeunes gens cherchent à déterminer qui leur a envoyé ces lettres anonymes avec des dessins de créatures folkloriques. Que s’est-il passé quand ils étaient sur les lieux il y a sept ans ? Une postière du village voisin les met sur la voie d’un individu tatoué. Il y a bien eu un salon de tatouage en ville, mais il est à l’abandon. En forçant la porte, ils découvrent qu’il doit bien y avoir un rapport avec leur corbeau.

Des symboles magiques, des créatures légendaires issues d’anciennes croyances, ce folklore est une réalité pour certaines personnes dans ces montagnes. La tenancière de l’hôtel invite le groupe à rencontrer le spécialiste des légendes locales dans son cabinet de curiosités à la sortie du bourg. L’homme va leur raconter qu’il y a bien longtemps, Saint-Bernard était parvenu à chasser les diables des cols menant à la vallée d’Aoste. Les démons s’étaient juste retirés sur le Mont Maudit d’où ils descendaient régulièrement pour y célébrer leurs sarabandes infernales, des sabbats où se joignaient sorcières, sorciers et esprits malfaisants, avant qu’un ecclésiastique ne parvienne à les repousser. Pourtant, aujourd’hui encore, certaines nuits, d’étranges phénomènes se produisent. Le récit perturbe particulièrement Alessio dont les dessins étaient visionnaires. Persuadé que le démon l’appelle, il veut aller au Mont Maudit. Pas question qu’il y aille seul.

Second épisode du Regard invisible, Le gardien de la montagne sème le trouble entre fantastique et réalité. A la manière d’un Maxime Chattam ou Jean-Christophe Grangé, Gwenaël et Serge Carrère surfent sur le surnaturel sans laisser le lecteur prendre une décision. Le suspense monte crescendo en même temps que les légendes intègrent le plausible. Elisa Ferrari accentue la tension avec les attitudes de ses personnages, notamment Alessio qui est, on s’en doutait, véritablement le pivot de l’intrigue. Les scènes ésotériques sont appuyées par les couleurs inquiétantes d’Alex Gonzalbo.

Comme un bon thriller offrant un agréable moment de lecture, sans être révolutionnaire, Le regard invisible est un diptyque efficace, avec une fin inattendue. A lire.
Série : Le regard invisible
Tome : 2 – Le gardien de la montagne
Genre : Thriller/Polar
Scénario : Gwenaël & Serge Carrère
Dessins : Elisa Ferrari
Couleurs : Alex Gonzalbo
Éditeur : Soleil
ISBN : 9782302102422
Nombre de pages : 48
Prix : 15,50 €