Mes idoles de lectures
« J’avais demandé à mamie de m’offrir pour les étrennes un album illustré et elle m’avait autorisé à en choisir un parmi ceux qui nous seraient présentés. L’une des vendeuses ouvrit un grand tiroir où je vis en effet des albums, bien sûr des Tintin et peut-être aussi des Walt Disney ou des Nic et Mino qui ne m’intéressaient pas. Mon regard fut d’emblée attiré par une couverture où figurait un personnage barbu qui tenait une lanterne et affrontait un vol de chauves-souris au cœur d’une sorte de caverne aux parois couvertes de signes mystérieux. » (François Rivière)
François Rivière n’a pas dix ans lorsqu’il reçoit pour Noël de la part de sa grand-mère le premier tome du Mystère de la Grande Pyramide, une aventure de Blake et Mortimer signée par un certain Edgar P. Jacobs. Avec son copain Georges, il s’imagine dans la peau du Professeur Mortimer pendant que son camarade se mue en Capitaine Blake. Les « By jove ! » et les « Damned ! » deviennent les leurs. François se baigne ensuite dans les albums de Jacques Martin, par le biais de L’île maudite, troisième aventure d’Alix, puis rencontre les personnages de Willy Vandersteen Bob et Bobette dans le désormais mythique Fantôme espagnol. Il connaît encore peu Tintin dont il n’a lu que deux aventures Les 7 boules de cristal et sa suite Le temple du soleil.

Son éducation chrétienne l’ayant tenu à l’écart de l’école de Marcinelle, c’est plus tard qu’il tombe sur l’hebdomadaire Spirou. Ce n’est qu’au lycée, grâce à deux frères abonnés au journal, qu’il découvre le Marsupilami et Gil Jourdan. La bibliothèque fournie de la fratrie lui mit aussi dans les mains les romans Marabout de Bob Morane, signés Henri Vernes. Au fil des mois, François va de surprise en surprise, en découvrant le monde de Macherot avec Chlorophylle et celui de François Craenhals avec Pom et Teddy. Ayant failli mourir de péritonite aiguë et d’occlusions intestinales, le futur écrivain dévore dans sa convalescence les vieux livres du grenier de sa grand-mère comme Le silence du Colonel Bramble, d’André Maurois, auteur dont il deviendra inconditionnel.

La vie de François Rivière va prendre un tournant le jour où il écrit à Jacobs, lui témoignant toute son admiration. Plus tard, il sera reçu chez l’artiste, au Bois des Pauvres. François Rivière va rencontrer Alain Saint-Ogan, Jacques Martin et Hergé, avec le privilège d’un thé partagé avec ses collaborateurs aux studios du maître. François Rivière entrera dans le monde de la bande dessinée en collaborant à la première version des inoubliables Cahiers de la BD dont chaque numéro décortiquait l’œuvre d’un auteur de bande dessinée après un entretien fleuve. Le roman se termine au décès de Hergé.

A la différence de nombreuses autobiographies, celle de François Rivière a ceci de particulier qu’elle est rédigée par un grand écrivain, lui-même, avec un vrai style littéraire, très travaillé et fort agréable à lire. On attend à présent que le biographe d’Agatha Christie nous raconte sa vie de scénariste de bande dessinée dans un second tome.
Titre : Confessions d’un amateur de bande dessinée belge
Genre : Autobiographie
Auteur : François Rivière
Illustrations : Hubert Van Rie
Éditeur : Les impressions nouvelles
ISBN : 9782390701903
Nombre de pages : 128
Prix : 16 €