Le roi des couv’ de Fluide Glacial
« -Mon coeur mon ange, ich liebe dich forever.
-Alors elle vient cette chute oui ou merde ? On a pas qu’ça à fout’bordel.
-Okay, reste plus qu’à terminer mon pied. C’est bon. Trèèès bien. Vas-y, vas-y. Encore. Encore un peu. Mais pourquoi il s’arrête ?! »
Edika est un rêveur. Réduit à tort au rôle de dessinateur de femmes à grosses poitrines, l’auteur est avant tout un poète drôle, émouvant et intemporel. Intemporel. L’humour d’Edika est hors du temps. Et ça, peu de gens peuvent se targuer de parvenir à accomplir cet art. Dans un autre genre, Sempé était à la bourgeoisie ce qu’Edika est à la France populaire. En attendant qu’un livre improbable consacre un parallèle entre ces deux artistes, la encore nouvelle collection Les Jolis P’tits cultes consacre un ouvrage à Edika, et plus particulièrement aux 83 couvertures qu’il a réalisé pour le magazine Fluide Glacial.

Avant d’avoir les honneurs de la Une, engagé par Jacques Diament qui nous a quitté récemment, Edika a commencé par des gags en couleurs en quatrième de couverture dès 1979. Se présenter à la rédaction d’un journal en noir et blanc avec des pages en couleurs, fallait oser… ou bien être un poète comme on l’a défini. Rapidement, il va signer des histoires courtes en noir et blanc, comme tout ce qui se fait dans le magazine, et intégrer l’intérieur. Avec Binet, l’auteur des Bidochon, il deviendra un pilier de Fluide. Edika est le roi de l’absurde, du nonsense, des histoires sans chute. Pour ça, il se met en abyme et se moque de lui-même dans ses récits. Pour parler « Fluide », ses personnages eux-mêmes se foutent de sa gueule.

Gérard Viry-Babel, rédacteur au journal, a déjà signé le dossier documentaire dans l’anthologie Edika parue entre 2020 et 2023. Il rédige aujourd’hui ce petit livre, ode à une idole, avec admiration et amour, avec un focus sur ces fameuses et poilantes couvertures. La première date de mars 1981, pour le numéro 57. Un astronaute se moque d’une petite alien difforme sans remarquer qu’une bête gigantesque s’apprête à le croquer. Les thèmes de ses couvertures vont ensuite devenir plus terre à terre, de l’obsession anatomique à la famille de Bronsky, avec en particulier le chat Clark Gaybeul et son slip Grande Barque. Il y a aussi ce que Viry-Babel appelle les couvertures muettes, dessins d’humour se suffisant à eux-mêmes mettant en scène ces femmes plantureuses. Le livre se termine sur deux couvertures spéciales, l’une en odorama, l’autre en flipbook.

Après Franquin et Gotlib pour Slowburn, Gotlib avec son Pervers pépère et Edika, un Gotlib et la musique est annoncé pour très bientôt. En attendant, ce Edika sous couvertures met à l’honneur un auteur majeur de la grande époque de l’humour fluidifié, dans cette adorable petite collection à emmener partout. Tiens, une vieille dame assise à côté de vous dans l’autobus s’indigne de voir une couille qui dépasse du slip de Clark Gaybeul !
One shot : Edika sous couvertures
Genre : Ouvrage d’étude
Scénario et dessins : Edika
Textes : Gérard Viry-Babel
Éditeur : Fluide glacial
Collection : Les Jolis p’tits Cultes
ISBN : 9791038208209
Nombre de pages : 64
Prix : 9,90 €