La femme du Seigneur de l’Anneau
« -Voici le testament de Dankwart, roi de Burgondie : Ma fidèle épouse Ute pourra rester à Weltz jusqu’à la fin de ses jours et sera prise en charge par nos fils…
-Comme cet homme était bon !
-…Ceux-ci recevront chacun leur part d’héritage. Ma fille Kriemhild restera sous leur tutelle et recevra sa part d’héritage dès qu’elle sera mariée à un homme de son rang.
-Pourquoi dois-je attendre jusque-là ? Je veux mon héritage maintenant ! Je veux voyager et…
-Tu dois te marier pour l’avenir de la Burgondie !
-Tu réclameras l’argent à ton mari après ! »
Burg Weltz est en deuil. Dankwart, roi de Burgondie, est mort. Il avait quatre enfants. Gunther, l’aîné, hérite de la couronne. Chacun de ses deux frères Gernaud et Giselher, va recevoir sa part d’héritage. Quant à leur sœur, Kriemhild, elle reste sous leur tutelle et percevra sa part à son mariage. Elle n’en a pas l’intention. Sa mère et ses frères trouvent son comportement bien présomptueux. Hagen, l’éminence grise, est formel. L’argent est une affaire d’hommes. Il n’a pas à être donné à une princesse célibataire qui pourrait en faire ce qu’elle veut. En attendant qu’elle soit mariée, il servira à la défense du pays. Quelques mois plus tard, le prince Siegfried de Santen, héritier d’un petit royaume dans les basses terres arrive à Burg Weltz. Il est également roi des Nibelungen et de sa puissante armée. Il est connu pour être un pourfendeur de dragons. Kriemhild n’a de toute façon pas le choix. Elle va devoir faire contre mauvaise fortune bon cœur et épouser le visiteur. Pas question pour elle pour autant de devenir une reine potiche.

Si cette union va être un moyen de renforcer les royaumes des deux partis, un autre mariage est en vue : celui du roi Gunther, qui a semble-t-il trouvé chaussure à son pied en la personne de Brunhilde d’Yslande, une dame puissante et noble. Cela n’est pas du tout du goût de Hagen qui a bien l’intention de garder le contrôle de la situation. Quelques semaines plus tard, alors que l’élue débarque au Royaume, elle est accueillie chaleureusement par Kriemhild, voyant en elle comme une sœur dans une situation similaire à la sienne. Cette dernière lui apporte en retour une réponse cinglante. Elle ne se sentira jamais chez elle ici. Bref, les deux unions seront célébrées le même jour. Le peuple est en liesse pendant que les cœurs des princesses sont emplis d’aigreur.

La chanson des Nibelungen est une épopée médiévale allemande du XIIIème siècle. Elle narre la vie de Siegfried et de son trésor, celui des Nibelungen, dont l’anneau qu’il porte prouve qu’il en est le propriétaire. Le compositeur Richard Wagner s’en est emparé, tout comme Tolkien s’en est inspiré pour Le Seigneur des anneaux. L’autrice néerlandaise Veerle Hildebrandt aborde l’aventure par l’angle féminin en faisant de Kriemhild et Brunehilde les pivots de l’épopée. Dans un univers phallocrate, ces féministes avant l’heure sont bien décidées à peser de tout leur poids, politique, familial et humain. Le scénario happe le lecteur de façon à ce qu’il soit impossible de fermer l’album. Le graphisme crayonné donne une autre dimension à la violence des hommes. Hildebrandt démontre qu’on peut revisiter une histoire battue et rebattue pour mettre les femmes sur un pied d’égalité décisif par rapport aux hommes, ce qui n’est que justice que ce soit dans l’Histoire ou dans les légendes.

Les éditions Anspach sont en train de constituer un catalogue d’une qualité et d’une diversité impressionnante, ayant en particulier pour mérite, entre autres, d’importer sur le marché francophone des petites pépites comme cet album : Hild, les femmes des Nibelungen.
One shot : Hild
Genre : Geste
Scénario, Dessins & Couleurs : Veerle Hildebrandt
Éditeur : Anspach
ISBN : 9782931105368
Nombre de pages : 152
Prix : 27,50 €