Les transmissions invisibles
« -Police nationale. Contrôle d’identité.
-Et merde !
-Ne bougez pas, mademoiselle.
-Rentrez vite chez vous, c’est dangereux de traîner dans la rue. Pensez à recharger votre certificat de bonne santé. Et dépêchez-vous, le couvre-feu est à 18 heures, aujourd’hui. »
Chambre 17. Dans un site confiné, Alix, une jeune fille, dort avec un respirateur artificiel. Un homme en combinaison de protection tente de la réveiller alors que de gigantesques méduses bleues volent autour d’elle. Est-ce une réalité ? Sont-elles issues de ses songes ?
Il ne fait pas bon traîner dans la rue. Le monde est confiné. Des patrouilles des forces de l’ordre contrôlent les identités et les autorisations. Des personnes hostiles à ce fonctionnement manifestent. Pour la sécurité de la nation, le gouvernement n’acceptera aucun acte subversif. Dans son appartement, l’anthropologue Albert Hermann est affligé par la situation. Son petit-fils Farès vient lui rendre visite. L’homme âgé lui explique que le monde pourrait changer si seulement cent personnes adoptaient de nouvelles habitudes, qui se diffuseraient à d’autres communautés.

Par ailleurs, des méduses ont envahi le bassin de refroidissement d’un réacteur nucléaire, entraînant la fermeture de la centrale et des pertes colossales. Ces agglutinations se nomment des « blooms ». Les animaux disparaissent une fois les dégâts faits. Dans le ciel, des vols d’oiseaux ont endommagé le plus grand parc éolien du pays, avec pour conséquences de nombreuses coupures d’électricité. En bord de mer, des algues prolifèrent sur les plages du Nord. C’est lorsqu’Alix va disparaître que Papi Albert va comprendre qu’il est grand temps d’agir.

Julia Billet et Jérôme Ruillier ont écrit le scénario de cette dystopie à quatre mains. Différente d’une bande dessinée documentaire, Bloom traite du rapport intérieur à la nature. Le phénomène des méduses n’est pas une invention mais bel et bien une réalité. « Bloom » signifie « prolifération ». Pour Ruillier, c’est une alerte de la nature qui demande aux humains d’arrêter. Dans la couleur bleue de l’océan et du rêve, le dessinateur en fait des lanceurs d’alerte. En photographie, les blooms sont les halos sur les clichés.
La majeure partie de l’histoire est crayonnée en gris. Seules les méduses sont bleues. Le récit pourrait paraître plombant et pessimiste. Détrompez-vous. Les auteurs croient encore en l’être humain, et cela va se traduire graphiquement dans un final ouvrant vers de nouveaux horizons.

Album exigent, avec très peu de textes et de phylactères, Bloom est une fable écologique démontrant que la nature, la musique et les couleurs jouent un rôle stratégique dans l’avenir de l’homme. N’oubliez pas de tourner la page après la dernière image, sinon, vous ne connaîtrez ni la fin, ni le début. Comprenne qui lira.
One shot : Bloom
Genre : Drame
Scénario : Julia Billet & Jérôme Ruillier
Dessins & Couleurs : Jérôme Ruillier
Éditeur : Payot & Rivages
Collection : Virages graphiques
ISBN : 9782743665487
Nombre de pages : 160
Prix : 23 €