Les corniauds
« -Alors ? Comment ça s’est passé ?
-Les doigts dans le nez, Lucine ! C’était presque trop facile !
-Je t’l’avais dit ! C’est du velours, cette affaire ! On n’a plus qu’à fourrer le flouze dans le Berliet et sa remarque.
-Minuto ! Il faut quand même qu’on vérifie la cargaison. Imagine que les malles soient vides !
-Tu te fais du mouron pour rien. J’suis sûr de mon indic. Mais s’il te faut ça pour te rassurer, on va te l’ouvrir, ce coffre. Alors, mes p’tits gars, 40 kilos d’or pur ! Jetez un œil à ça ! »
Paris, Place Vendôme, juin 1957. La célèbre bijouterie Van Clif & Arbels voit ses convoyeurs de fonds dépossédés de la malle qu’ils transportent. Un groupe de bandits à mains armées s’empare du magot avant de filer à bord de leur Traction avant Citroën. Pour éviter d’être pris en chasse, ils avaient pris soin de placer sur la route une 2 CV camionnette piégée, envoyant leurs poursuivants dans le décor. Un peu plus tard, les voici réfugiés au garage des transports Bonpain, qui font du régional, du national et de l’international. Le patron Lucien referme le portail derrière eux avant que tous admirent les quarante kilos de lingots d’or pur. Ils vont être planqués dans les voitures transportés et dans la cabine d’un Berliet. Direction dès le lendemain ni vu ni connu pour l’Italie.

Suite à un bête accident de lingot tombé sur le pied, Lucien ne peut pas prendre le volant du camion. Il va donc charger l’un de ses innocents employé de faire le job. Sans le mettre dans la confidence du larcin, il demande à Dédé d’assurer la conduite du Berliet pour amener les voitures à Rome. Celui-ci propose à son pote Max de l’accompagner. Ils vont donc faire la route, surveillés de plus ou moins près par les voleurs d’origine qui veulent s’assurer du bon déroulement des opérations sans risquer d’être eux-mêmes pris dans la magouille en cas de souci avec les forces de l’ordre ou la douane.

On est dans une histoire de gangsters à la Audiard. On chante du Charles Trenet sur la Nationale 7… Non, on ne chante pas, on risquerait de se faire flinguer. Capisci ? Fred Weytens écrit une histoire classique rondement menée. Un personnage féminin est rapidement introduit dans ce monde macho. Sauvée d’une agression par Dédé et Max, Sofia est une jeune femme qui prend sa vie en mains et qui ne sera pas si « décor » que ça. Les dessins Walthéry-compatibles de Skiav rentrent dans le cadre du franco-belge de l’âge d’or. Pour chercher la petite bête, certains personnages secondaires auraient demandé un peu plus de maîtrise. Sous les couleurs, classiques elles aussi de Patrick Larme, l’ensemble reste fort bien mené. Les amateurs de vieilles cylindrées et de tôle froissée seront enchantés.

Encore une fois, la collection Calandre tient toutes ses promesses. Hommage non dissimulé au film de Gérard Oury Le corniaud, avec Bourvil et Louis de Funès, Un Berliet en or est le premier tome de ce qui a tout pour devenir une série de bagnoles des années 50.
One shot : Un Berliet en or
Genre : Polar automobile
Scénario : Fred Weytens
Dessins : Skiav
Couleurs : Patrick Larme
Éditeur : Paquet
Collection : Calandre
ISBN : 9782888907497
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €