Mistral gagnant pour l’esprit Tillieux
« -C’est ici qu’aurait dû être exposé Lucie, l’un des plus beaux diamants au monde ! C’était le joyau de notre exposition dont l’inauguration était prévue ce soir ! C’est incompréhensible. Toutes les mesures de sécurité ont pourtant été prises et il a été volé cette nuit ! Regardez, Monsieur Mistral… C’est Lucie. Il faut retrouver ce diamant coûte que coûte !
-Et où était-il rangé cette nuit ?
-Venez, je vais vous montrer ! »
Septembre 1962, Musée des arts décoratifs de Paris, salle des expositions, 8 h du matin. Alors qu’il se trouvait dans un coffre-fort réputé inviolable, Lucie, l’un des plus beaux diamants du monde, a été dérobé. Les serrures ont été fracturées mais le coffre a été ouvert sans dégât. Tout cela est bien étrange. Le détective privé Jeff Mistral est engagé pour retrouver le joyau et le voleur. Ce dernier connaissait forcément les codes de l’alarme et du coffre. Le lendemain, l’enquêteur se rend au bar des amis de la marine, dans le 7ème arrondissement. Il y a été invité par une mystérieuse Lucie… comme le diamant. La femme qui l’a convié va lui raconter une étrange histoire.

La dame lui apprend que c’est son conjoint Aristide Klein qui a volé le diamant. Si elle informe le détective, c’est pour qu’il l’aide à se sortir du guêpier dans lequel il s’est fourré, car le vol a suscité bien des convoitises. Si le vol a pu être commis aussi facilement, c’est parce que depuis qu’il a eu un accident de voiture il y a quelques années de cela, Aristide, ayant vécu une expérience de mort imminente, peut dorénavant sortir son esprit de son corps pour observer ce qu’il veut où il veut. Craignant de trop gros ennuis, Aristide serait prêt à rendre le fruit de son larcin. Tout cela semble tellement étrange. N’y aurait-il pas anguille sous roche ?

Amateurs de vieilles cylindrées et adorateurs de Maurice Tillieux, cet album est fait pour vous. Les nostalgiques de Gil Jourdan trouveront chez Jeff Mistral une partie de l’ADN qui a fait le succès de cette série représentative de l’âge d’or de la bande dessinée. A l’époque, les histoires étaient dans le jus contemporain. Aujourd’hui, on fait un bond en arrière dans le temps d’une soixantaine d’années. Olivier Andrieu y met tous les ingrédients nécessaires pour que la sauce prenne. Il flirte avec le surnaturel comme a pu le faire Tillieux. Rassurez-vous : tout, absolument tout, est justifié. Pour ajouter à la mise dans l’ambiance, Jeff Mistral a un petit côté André Pousse, l’un des seconds rôles emblématiques du cinéma de gangsters.
Après Urbain Pujol paru l’an passé chez Idées Plus, Alain Julié, connu pour avoir longtemps dessiné Les Vélos Maniacs chez Bamboo, reste dans l’univers des années 50/60. Il nous offre entre autres une course poursuite mémorable entre une DS Citroën et une Peugeot 404, près des mythiques usines Renault de Boulogne-Billancourt sur l’île Seguin. Les couleurs de Claire Dumas immergent à merveille dans l’époque. La coloriste réhausse la ligne claire impeccable du dessinateur tout en restant dans une cohérence classique légèrement modernisée, juste ce qu’il faut, par quelques ombrées.

Enfin, il est des cahiers bonus qui servent juste à faire croire aux lecteurs qu’ils ont intérêt à acheter une première édition pour avoir quelques simples croquis. Ici, c’est un riche dossier qui nous est proposé, avec tout le dessous du travail des auteurs et les premières planches en noir et blanc.
Du bon polar ficelé bien comme il faut, avec ses bandits et ses poursuites, Jeff Mistral est la promesse d’un joli moment de BD, comme à la grande époque. Tout ça prouve qu’un âge d’or ne s’en va complètement jamais.
Série : Une aventure de Jeff Mistral
Tome : 1 – Mort imminente
Genre : Polar
Scénario : Olivier Andrieu
Dessins : Alain Julié
Couleurs : Claire Dumas
Éditeur : Klev
ISBN : 9782959206627
Nombre de pages : 72
Prix : 15 €