American Love Story
« -C’est trop injuste que tu t’en ailles demain.
-Tu sais, si je t’avais connue deux jours plus tôt, je n’aurais jamais signé. Mais dans neuf mois, tu pourras m’avoir tout le temps que tu voudras.
-J’aimerais tant y croire.
-Je t’écrirai… tous les jours.
-Promis ?
-Promis. Et toi, tu seras là à mon retour ?
-Tu le sais très bien. »
New-York, 1945. Dans un appartement de Manhattan, deux regards vont se croiser, celui d’une femme, Sara, 23 ans, et celui de Jack, un jeune militaire charmeur. Ce dernier a vu dans les yeux de la rousse le désarroi de l’invitée qui se sent intruse dans une soirée de thanksgiving qu’elle aurait préféré passer ailleurs. Cette soirée, c’est son frère Eric qui l’a organisée. D’ailleurs, il ne se souvient pas avoir convié l’homme en uniforme. C’est un copain qui l’a fait venir. Entre Eric, artiste orienté communiste mais plus encarté, et Jack, sergent irlandais, le courant ne passe pas vraiment. Sara et Eric vont s’éclipser de la soirée. Il ne faudra pas attendre de franchir le porche de l’immeuble pour qu’un baiser soit échangé.
Rédactrice dans un grand journal, Sara, sans H, vit seule. Ayant perdu ses parents, elle est très proche de son frère, auteur pour le théâtre et la télévision. Lui aussi orphelin, Eric était journaliste avant de s’engager. Ces points communs, inévitablement, les rapprochent. Demain, il doit repartir en Europe pour neuf mois. Lors de leur nuit d’amour, il promet à Sara de lui écrire tous les jours. Elle, promet de l’attendre. Ce qu’elle attendra le plus, ce sont ces courriers… qu’elle ne recevra jamais. Le temps va passer. Une dépression, un mariage raté, et puis un jour, alors qu’elle lit sur un banc en plein cœur de Central Park, un couple s’arrête devant elle. L’homme lui présente sa femme Dorothy et leur fils Charlie. Cet homme, c’est Jack.
Cyril Bonin s’empare du roman de Douglas Kennedy en se concentrant sur l’histoire d’amour entre Sara et Jack. Evidemment, leurs retrouvailles ne vont pas être sans conséquences. L’histoire montre aussi les opinions politiques tranchées qui font qu’il n’est pas évident de s’afficher quand on ne pense pas ou que, tout simplement, on n’est pas comme les autres. Communiste et homosexuel, Eric va faire les frais de la chasse aux sorcières du maccarthysme. Après Les dames de Kimoto d’après Sawako Ariyoshi, Cyril Bonin confirme ses talents d’adaptateur. Il ne se contente pas de transcrire, mais s’approprie pour amener le récit vers quelque chose qu’il aurait pu écrire lui-même. Dans un style unique, il met en exergue les sentiments. Les personnages longilignes, leurs attitudes penchées vers l’avant, les couleurs orangées de fins d’après-midi, les regards, surtout les regards, sont autant de marqueurs qui font que l’on reconnaît en une case un album de Bonin. N’est-ce pas là la preuve d’un talent hors du commun ?
Histoire d’amour comme on en fait peu, montrant la tragi-comédie de la vie, La poursuite du bonheur a la saveur et l’élégance de l’Amérique du milieu du XXème siècle.
One shot : La poursuite du bonheur
Genre : Histoire émotion
Scénario, Dessins & Couleurs : Cyril Bonin
D’après : Douglas Kennedy
Éditeur : Philéas
ISBN : 9782491467302
Nombre de pages : 144
Prix : 21,90 €