Pour l’amour de sa fille
« -Au nom de la communauté, sois la bienvenue, Selma. Je te remercie d’avoir accepté de nous rejoindre et de nous aider à soigner les malades. François, le mari d’Eliane, est mort cette nuit. C’est le troisième cette semaine à cause de l’épidémie. On ne peut pas continuer comme ça.
– » Au nom de la communauté », Daniel, vraiment ? Qui a décidé de la faire entrer ? Je n’ai pas souvenir qu’on m’ait demandé mon avis. »
France, 2045, dix-sept ans après le début de l’effondrement. Dans la communauté de la source, on ne peut pas dire que l’accueil de la nouvelle venue Selma soit très chaleureux. Il faut dire qu’elle en avait été exclue. Elle est armée et ne compte pas se séparer de son attirail. Si Daniel, le chef du clan, lui a demandé de venir, c’est pour aider à soigner les malades. Cette décision est loin de faire l’unanimité. Pourtant, la survie des malades doit passer avant tout. Rodrigue, le vétérinaire qui fait office de médecin, va devoir travailler avec elle. Sa fille Violette est bien atteinte. Ils vont remplacer Josef, l’herboriste assassiné avec toute sa famille et dont l’enquête sur la mort n’est pas terminée. L’orgueil de Rachel, qui en avait la charge, est piqué au vif.
Un beau jour, des femmes de la communauté des cheminots se présentent à la Source pour demander asile, se disant traitées comme du bétail, battues et abusées par les hommes de leur clan. Au cercle des disparus, le conseil des sages se réunit. Faut-il les accueillir ? N’apportent-elles pas des maladies ? Sont-elles un cheval de Troie ? Leur arrivée si peu de temps après les meurtres n’est peut-être pas un hasard. Et puis il y a ces cris inhumains provenant de la forêt. C’est l’épouvantail. Qui est-il ? Quel est son nom ? Qu’est-ce qui l’a rendu comme ça ? La curiosité de Léa va l’amener à vouloir en savoir plus.
La source est un diptyque post-apocalyptique mettant en évidence les rapports entre humains en situation extrême. A l’instar de The walking dead, le sujet n’est pas ce que l’on voit en apparence, mais ce que cela induit dans les relations et les sentiments. Ici, pas de zombies mais des clans opposés et quelques marginaux. Et nous, que ferions-nous dans de telles circonstances ? Garderions-nous notre part totale d’humanité ? Cela semble impossible à savoir. Les scénaristes Sylvain Runberg, Olivier Truc et Gaël Branchereau nous invitent à nous poser la question. Le rythme narratif est soutenu, comme s’ils avaient dû compiler en un seul tome le matériel de plusieurs. Les dialogues sont parfois inutilement crus (« Les bouquins, c’est fait pour se torcher le cul. »). Ce n’est peut-être pas nécessaire dans une fiction, même si l’on veut se la jouer Mad Max. Pas bien grave au final, car, au dessin, Damour ne rentre pas dans une surenchère de violence. Son graphisme fait mieux passer la pilule que si un auteur trop réaliste avait dessiné la série.
En deux tomes, La Source montre comment l’humanité se relève d’une catastrophe ayant failli entraîner sa perte. Histoire sur la survie, sur la culpabilité et sur le pardon, elle propose un monde nouveau qui ne demande qu’à être développé et à se construire avec ses lecteurs.
Série : La source
Tome : 2 – Le clan du train
Genre : Polar post-apocalyptique
Scénario : Sylvain Runberg, Olivier Truc & Gaël Branchereau
Dessins : Damour
Couleurs : Greg Lofé
Éditeur : Philéas
ISBN : 978249146757
Nombre de pages : 80
Prix : 19,90 €