Coucou, le voilà !
« A la fin des années 1970, je faisais de la BD depuis tellement d’années que j’avais parfois l’impression d’être à sec. Pervers Pépère, lui, continuait de m’inspirer… » (Marcel Gotlib)
Marcel Gotlib est sans conteste l’un des auteurs majeurs du Neuvième Art. Sa carrière exceptionnelle a fait de lui l’un des monstres sacrés. Au travers du personnage de Pervers Pépère, Yves Frémion et Anaïs Delpias nous invitent à comprendre l’humour si révolutionnaire de l’auteur, en saisissant son origine, son élaboration, sa consistance et son impact. Houlà ! Dis comme ça, ça a l’air lourdingue. Détrompez-vous. Sous la houlette de Frémion, un tel ouvrage se déguste comme un bonbon acidulé.
Gotlib est un des pionniers de la BD adulte. Après les Dingodossiers avec Goscinny dans Pilote, après l’humour Trash de L’écho des savanes, dès les premiers numéros de Fluide Glacial, Pervers pépère s’installe comme la vitrine d’un aboutissement de l’humour potache. Ce papi a été le seul personnage récurrent que Gotlib a créé dans le magazine. Le dessinateur a tourné la page du zizi, pipi, caca, prout pour faire rire et sourire d’une autre manière. Frémion analyse la démarche gotlibienne fondée sur l’esprit français, jeux de mots, vannes et Oulipo, l’humour juif, l’autodérision de l’école new-yorkaise, et le stoïque humour anglais. Il raconte comment cet esprit a posé les bases de Fluide, où Frémion lui-même était l’un des rédacteurs de la première heure.
Dans une deuxième partie, on découvre avec le même Frémion comment Gotlib a pris soin de ne jamais lasser en parodiant ses propres parodies. Ça, il l’a fait avec et grâce à Pervers Pépère, en jouant avec le lecteur. La farce finale n’est jamais celle attendu. Contrairement au Gros dégueulasse de Reiser, le graveleux n’est pas l’objectif du rire. Ce qui est drôle, c’est que la chute qui semblait y amener est paradoxalement imprévisible. On apprend aussi où Gotlib a puisé son inspiration pour ce personnage de bande dessinée muette.
Anaïs Delpias analyse dans la dernière partie les aspects propres à la série qui, on le précise, ne connu qu’un seul album. On découvre un scénario écrit. Ceux qui l’ignoraient apprennent la passion de Gotlib pour le roman-photo, qu’il a utilisé dans un gag. En plus de ses gags, Pervers Pépère a aussi animé des pages du magazine Fluide Glacial. On finit sur la reproduction des couvertures le mettant à l’honneur, avant de conclure sur un cadeau. Oui, oui, un cadeau : un Pervers Pépère à découper et à positionner entre l’âne et le bœuf dans la crèche.
Richement illustré de dessins et de gags, La face cachée de Pervers Pépère inaugure une toute nouvelle collection : Les Jolis p’tits Cultes. Ces tout petits albums carrés ont pour but de faire redécouvrir sous un angle nouveau ce qui fait le délice de la facétie fluidienne. Rendez-vous au printemps pour lire Edika sous couvertures.
One shot : Gotlib La face cachée de Pervers Pépère
Genre : Ouvrage d’étude
Scénario et dessins : Gotlib
Textes : Yves Frémion & Anaïs Delpias
Éditeur : Fluide glacial
Collection : Les Jolis p’tits Cultes
ISBN : 9791038207752
Nombre de pages : 72
Prix : 9,90 €