L’âme de fond
« -Qu’est-ce qu’on va faire ?
-On pourrait se cacher dans un terrier ?
-On pourrait plutôt prier les nuages pour qu’ils se calment ?
-Se cacher ou prier ne nous servira à rien ! »
Dans la Forêt des Petits Bâtons, après un automne doux aux feuilles ambrées finissant de tomber des arbres, c’est un hiver neigeux qui s’installe. Armelle la tortue, Mirko la luciole et leurs amis, Fabienne la renarde et Pépin le lapin, profitent de leur amitié au milieu du paysage enneigé. Qui aurait cru il y a quelques mois qu’Armelle aurait trouvé une telle sérénité ? L’angoisse semble avoir totalement disparu. Mais le bonheur ne fait pas de bruit. C’est bien connu, on l’entend quand il part. Quand l’hiver va s’effacer, quand la neige va fondre et que les flocons vont laisser place à la pluie, à beaucoup de pluie, quand la terre ne va pas parvenir à absorber toutes les précipitations, quand le lac Scintillant va déborder et que la Rivière aux Galets Bleus va sortir de son lit, le bonheur d’Armelle va être mis à rude épreuve.
Au cours de ses voyages, Mirko a entendu des histoires sur des créatures appelées « humains »… Ils avaient complètement détraqué la météo et ont fini par disparaître. Pépin a l’idée de construire un radeau. Le temps est compté. Il ne faut pas céder à la panique. Face à la montée des eaux, nos amis vont-ils réussir à se mettre en sécurité ? La vallée va être inondée et après le retrait des eaux, il va falloir faire face au désastre et à la dévastation. En retrouvant son habitat inhabitable, Armelle va voir revenir ses démons. La perte de repères entraîne chez elle une angoisse qu’elle ne pourra surmonter seule. Ses amis vont vouloir l’aider, la rassurer, l’inviter à un nouveau départ. Mais pour Armelle, l’anxiété va être plus forte que l’amitié. Face aux maux, il y aura des mots. Si les paroles s’envolent, elles peuvent aussi blesser. Physiquement comme moralement, il va être compliqué de tout réparer.
Le premier épisode d’Armelle et Mirko montrait comment l’amitié pouvait soigner la dépression, avec une bonne dose de patience. Dans le deuxième, on voyait comment on pouvait continuer à avancer sans cette béquille que l’on avait trouvée, se débrouiller autrement. Dans ce troisième volume, on comprend que dans cette pathologie sournoise rien n’est jamais totalement résolu. On peut être guéri mais il reste une fragilité qu’un rien peut faire vaciller. En l’occurrence, ce n’est pas un rien puisqu’il y a quand même eu une catastrophe climatique comme on en voit si souvent de nos jours. Ici, c’est une allégorie de la neurasthénie, qui ravage tout de la vie sur son passage, tout de la vie des victimes et de leurs entourages. Mirko, Pépin et Fabienne restent très pudiques face à la colère d’Armelle. Ils préfèrent s’effacer plutôt que de l’affronter au risque d’accentuer la problématique.
En trois tomes, le trio Montel-Clément-Arnal a fait d’Armelle et Mirko une série jeunesse majeure sur un sujet sensible. Tout est sensible dans Armelle et Mirko : l’histoire, les mots, les images, les couleurs. Alors Monsieur Delcourt, vous allez m’écouter. Vous allez lancer une grande opération à l’instar de ce que font les éditions Bamboo et Serge Ernst en distribuant des albums de Boule à zéro dans les hôpitaux. Vous allez faire pareil en envoyant les albums d’Armelle et Mirko dans tous les hôpitaux psychiatriques et les centres de santé mentale qui accueillent des jeunes en souffrance psychologique afin que les médecins leur expliquent grâce à cette série qu’ils sont loin d’être des cas isolés et comment ils vont pouvoir s’en sortir. Par avance, merci.
Série : Armelle & Mirko
Tome : 3 – Vague à l’âme
Genre : Fable poétique
Idée & Histoire originale : Anne Montel
Scénario : Loïc Clément
Dessins & Couleurs : Julien Arnal
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413082309
Nombre de pages : 32
Prix : 16,50 €