Tous les monstres ne sont pas des monstres
« -Maîtresse… ? J’ai le regret de vous informer…
-Qu’un fils de pute a piqué le corps de mon oncle et a rempli la tombe de bougies magiques ?
-Hum. Voilà.
-Bon, reprenons de façon logique. Même si tu pouvais sentir quel démon a fait ça, tu n’aurais pas le droit de me le dire ou de me filer une adresse, pas vrai ?
-Oui.
-Mais tu es un chien.
-J’en ai la forme en tout c…
-…Et tout n’est que question de croyances, avec vous autres. La fonction suit la forme qui suit la foi. »
Ellie Hawthorne est détective de l’occulte. Accompagnée de Cillian, un irlandais qui l’aide à enquêter, elle découvre une nouvelle victime d’une attaque de penanggalans. Les autochtones ont beau installer des épines sur les fenêtres pour les empêcher d’entrer, avec leurs entrailles traînant derrière eux, visiblement, ça ne marche pas toujours. Si Cillian vient pour affronter les monstres, tout en rêvant de la chatte d’Ellie (sic), celle-ci est là pour en apprendre plus sur les mystères occultes. Tous les monstres ne sont pas des monstres. Il faut savoir prendre du recul. Ça, c’était il y a quelques jours. Aujourd’hui, ou plutôt cette nuit, Ellie est réveillée par son chien dans sa voiture. Ce n’est pas un cabot comme les autres. Il est un puissant comte capable de tout enseigner, passé comme présent. Il emmène sa maîtresse au cœur du cimetière londonien. Des êtres mystiques perturbent les pensées insipides des mortels. Il va falloir creuser la tombe de tonton Alfie pour dénouer tout ça. Problème : apparemment, un fils de pute a piqué le corps de l’oncle et rempli sa tombe de bougies magiques.
Londres part en couille et c’est la faute d’Alfie. Ellie tente de remettre de l’ordre mais elle a besoin d’aide. Est-ce Bifrons, qui commande six légions d’esprits inférieurs, qui va lui être du meilleur secours ? Sa fonction consiste à déplacer les cadavres et allumer des flambeaux sur les tombes des défunts. Il devrait donc savoir où est passé le corps d’Alfie ? Pas si simple. Un ordre nouveau est en marche. Les clés et les lumières de la grâce ont été invoquées. Si même les anges s’en mêlent, on n’est pas sortis de l’auberge. Avec son bon vieux marteau tout rouillé, Ellie est à la chasse aux soixante-douze démons de l’Ars Goetia.
« L’exorcisme ne consiste pas à chasser les démons. Ce n’est que la triste réalité, une autocorrection. C’est la raison qui se définit elle-même. » La possession par les esprits est au cœur de Damn them all. Simon Spurrier montre que dès que l’on écoute un morceau de musique, dès qu’on lit un article de journal, dès qu’on a des interactions sociétales, on commence déjà à être possédé. Et pourtant, on ne fait pas appel systématiquement à un exorciste. Sous couvert d’un fantastique très présent dans un monde gangréné par les démons, la série invite à se poser des questions sur l’influence, sur l’endoctrinement et sur le sectarisme. A l’opposé du noir et blanc de The walking dead, Charlie Adlard s’éclate dans des compositions lumineuses, électriquement démoniaques.
Le diptyque Damn them all se clôt dans une ambiance à la Hellboy, non dénuée d’humour noir. Ellie Hawthorne est suffisamment charismatique pour revenir affronter de nouveaux démons. Il serait dommage que les auteurs ne continuent pas à exploiter tout cet univers qu’ils ont mis en place.
Série : Damn them all
Tome : 2
Genre : Thriller ésotérique
Scénario : Simon Spurrier
Dessins : Charlie Adlard
Couleurs : Sofie Dodgson
Éditeur : Delcourt
Collection : Comics
ISBN : 9782413082675
Nombre de pages : 176
Prix : 17,95 €