Le manga qui incite à s’en passer
« -Un cercle d’amateurs de cannabis ?
-Ouais, on appelle ça « un fleuriste ». C’est là où nous allons. Parle moins fort.
-Des amateurs de cannabis… ?!
-Le chanvre cloné que tu fais pousser va nous permettre de récolter un paquet d’épis qui auront tous la même qualité. C’est « une bonne herbe ». Maintenant, reste à savoir ce qu’est « une excellente herbe ». C’est ce qu’on va leur demander. »
Morio et Kagayama rejoignent un cercle d’amateurs de cannabis, un groupe de testeurs en quelques sortes. Le but est de créer un cannabis haut de gamme en croisant des plants cultivés à partir de certaines graines. Tels de fins gastronomes, ils analysent les effets que procure la drogue. Pour l’un d’entre eux, si le goût est primordial, le plus important est l’extase qui découle de la fumette et la teneur en THC est un point crucial. Les ressentis peuvent varier d’une personne à l’autre en raison de toutes les substances chimiques contenues dans la plante. Pour un autre, pas la peine de se lancer dans des justificatifs scientifiques, pourvu qu’on ait la cervelle défoncée, qu’on soit complétement déchiré et propulsé dans la stratosphère en moins de deux. Morio va ainsi développer des plants d’une qualité exceptionnelle qui vont susciter la convoitise de toute la mafia du coin.
Dès ce deuxième tome, la série passe à la vitesse supérieure. En voulant financer les conséquences de l’accident de circulation de sa femme, le fleuriste à la main verte, si verte qu’elle en serait presque dorée, a mis les mains dans un engrenage bien dangereux. A la proposition d’un sacré lascar, il s’est vu invité à produire des plants de cannabis pour de grosses sommes d’argent. Aujourd’hui, ce fameux lascar, Kagayama, se voit rattrapé par une autre bande de mafieux à qui il a voulu la mettre à l’envers, comme on dit. Morio va-t-il échapper à la vengeance et la revanche de la concurrence ? Va-t-il pouvoir continuer ses activités illicites ? En tous cas, en face, ils ont l’air très très énervés.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le mangaka Yûto Inai ne perd pas de temps. A la manière de Naoki Yamakawa et Masashi Asaki dans My home hero, il place son héros dans un engrenage d’où il semble impossible de sortir. Alors que Tetsuo Tosu a tué un yakuza pour sauver sa fille dans My home hero, et se retrouve avec la bande de la victime à ses trousses, Morio Chitô, dans Tokyo Cannabis, se trouve dans une situation financière qui l’oblige à continuer ses activités illicites sans être repéré par ses adversaires. Dans les deux situations, ces héros, qui n’étaient en aucun cas destinés à l’être, défient l’impossible, à savoir des organisations criminelles impitoyables. Pour en rester sur Tokyo Cannabis, Yûto Inai montre la violence sans émotion des barons de la drogue, tant et si bien qu’on aurait presque pitié pour les bandits qui sont eux-mêmes martyrisés. Le cliffhanger final sonne comme un défi. Pas question d’en dire plus pour maintenir un suspens qui monte crescendo.
Rares sont les séries qui démarrent ainsi sur les chapeaux de roues. Tokyo Cannabis est un exemple de construction narrative addictive. Planant.
Série : Tokyo Cannabis
Tome : 2
Genre : Shonen
Scénario & Dessins : Yûto Inai
Éditeur : Kana
ISBN : 9782505122760
Nombre de pages : 160
Prix : 7,70 €