Le plus grand vol du XXe siècle
« -Je mérite le respect ! Je suis italien ! Le Louvre est rempli d’œuvres de mes compatriotes ! Sans les italiens, ce maudit Musée serait à moitié vide !
-Je comprends. Je serais furieux aussi s’il m’avait retenu cet argent sur ma paye. Mais il vaut mieux que tu te calmes… Si Gobier t’entendait…
-Ce gros tas ! Qu’est-ce qu’il connaît à l’art, lui ?
-Mon ami, va donc faire un tour dans le Musée pour te détendre. As-tu déjà pris le temps d’admirer ces œuvres dont tu parles tant ? »
Paris 1910, Vincenzo Peruggia est homme de ménage au Musée du Louvre. Un jour, en replaçant une vitrine protégeant un buste, il la brise malencontreusement et se voit infliger une retenue sur salaire. Gobier, son supérieur, le met plus bas que terre et la bienveillance du directeur du Louvre à son égard n’y fait rien. La pilule est difficile à avaler pour l’italien. Son ami Jacques lui conseille de prendre du recul en prenant le temps d’admirer les œuvres qu’ils sont chargés de bichonner. Le mal est fait. Vincenzo rumine sa vengeance. Quelques mois plus tard, en août 1911, il dévisse la toile de La Joconde de son cadre et la subtilise.
Pour l’amour de Monna Lisa est le récit rocambolesque du plus grand vol du XXème siècle. Il faut préciser qu’à l’époque La Joconde n’avait pas l’aura qu’elle a aujourd’hui et que ce larcin a largement contribué à sa notoriété. L’histoire de Vincenzo Peruggia est une histoire vraie. L’italien gardera la belle cachée sous son lit dans sa chambre de bonne. Il ne sera appréhendé que trois ans plus tard alors qu’il tentera innocemment de la vendre en Italie, parce qu’il voulait la rendre à son pays.
Le scénariste Marco Rizzo reste le plus fidèle possible à la réalité. Le personnage de François est l’un des rares qui soit fictif, créé pour donner le change et la répartie face à Vincenzo. La véritable héroïne est bien Lisa Gherardini, l’épouse de Francesco del Giocondo. Monna Lisa a son nom écrit ici avec les deux « n » de son orthographe italienne, réhabilitant son appellation d’origine signifiant « dame Lisa », monna étant une contraction de « ma donna », soit « ma dame ». Le dessinateur Lelio Bonaccorso fait de Vincenzo un personnage extrêmement émouvant, on ne peut plus touchant. On dirait un Charlie Chaplin, dans son monde et avec sa poésie. La colorisation sépia ancre l’histoire dans son contexte, figée dans le temps tout en étant éternelle.
Avant d’être l’histoire d’un rapt, comme l’indique le titre, cet album est bel et bien une histoire d’amour. Le sourire de la Joconde est à lui seul une réalité qui dépasse toute fiction. Rizzo et Bonaccorso démontrent une fois de plus qu’elle mérite son rôle de mythe.
One shot : Pour l’amour de Monna Lisa
Genre : Histoire
Scénario : Marco Rizzo
Dessins & Couleurs : Lelio Bonaccorso
Traduction : Alice Gallori
Éditeur : Steinkis
ISBN : 9782368467589
Nombre de pages : 112
Prix : 18 €