Histoires fantastiques
« -Vous allez certainement me prendre pour un fou, Madame… Mais je vous jure que c’est la vérité… Il nous a poursuivis… Je ne sais pas ce que c’était… Une sorte de géant… Quelque chose de monstrueux… Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie !
-Mmm… Et ce soi-disant « géant », vous l’avez vu ? Je veux dire… vraiment vu ?
-Pas vraiment… Plutôt aperçu… Il faisait nuit et la tempête s’était levée… J’étais avec un compagnon… Léo… S’il était là, il vous confirmerait ce que je raconte… »
Deux hommes escaladant une paroi enneigée sont surpris par une tempête qui se lève. Il faut rapidement trouver un abri pour camper. Il faut faire d’autant plus vite qu’ils sont poursuivis par une ombre terrifiante, une sorte de yéti. Seul l’un d’eux y parviendra. Le lendemain, il trouve refuge dans un chalet dont la propriétaire l’invite à table en famille. Espérons que ce repas plaira à tout le monde. « Froide » est l’une des dix nouvelles fantastiques composant cet album… frissonnant.
Faut-il prendre une auto-stoppeuse par une nuit de pleine lune sur une route de campagne lorsque l’on est seul ? C’est peut-être la tirer d’un bien mauvais pas… ou alors c’est s’y plonger. Où trouver l’inspiration lorsqu’on est un auteur humoristique dont les derniers écrits ne conviennent pas aux producteurs ? Un chalet isolé dans une forêt montagneuse sera certainement le meilleur moyen de retrouver l’inspiration. En pleine ville, au milieu du chantier, il y a un trou. A quoi peut-il bien servir ? A attirer les curieux, en tout cas, c’est sûr. Plus loin, en écho dans l’album, une bande de jeunes se fichera la trouille en se racontant cette histoire. Un rebond bien malin. A part ça, vous ne servirez plus jamais de la pâtée à un chien de la même façon, vous n’écouterez plus jamais la mélodie d’un orgue comme avant, vous ferez plus attention en prenant le métro, vous comprendrez pourquoi il n’y a plus d’animaux dans les cirques et, surtout, vous n’ouvrirez plus la porte à des inconnus.
Corbeyran et Rurik Sallé orchestrent dix histoires aux frontières du réel où se mêlent horreur et mystère. On se rend compte avec « La mélodie du supplice » que les plus horrifiques sont les plus réalistes. Les explications ne sont pas toujours données. C’est en cela que les fins les plus « suspendues » sont les plus malines. Comme le dit Rurik Sallé en préface, on est dans des dérapages du réel. C’est lui qui a imaginé ces histoires qu’il a découpées avec Corbeyran. Plus qu’à la série « La quatrième dimension » (The twilight zone en VO), on est plus proche des « Histoires de l’autre monde », Tales from the dark side en VO, créées par George Romero, qui avaient succédées à « Alfred Hitchcock raconte » le samedi soir sur Antenne 2 en 1986. Paskal Millet dessine l’ensemble avec tout le mystère nécessaire pour accentuer les effets de suspens, de peur et d’horreur.
Pas une nouvelle n’est plus faible qu’une autre. « Seule l’ombre » est un recueil glaçant, épouvantable. Fantastique dans tous les sens du terme.
One shot : Seule l’ombre
Genre : Horreur
Scénario : Corbeyran & Rurik Sallé
D’après les histoires de : Rurik Sallé
Dessins & Couleurs : Paskal Millet
Éditeur : Komics Initiative
Collection : Mavericks
ISBN : 9782491374778
Nombre de pages : 144
Prix : 23 €