L’aventure des années 1980-1990
« -Alors les Pifos ! Prêts pour le grand saut ? »
La période la plus glorieuse de Pif Gadget, c’est indéniablement les années 70. Les tirages sont montés jusqu’à 500 000 exemplaires. Des séries mythiques ont vu le jour. C’est à cette même époque qu’il y a eu les gadgets les plus inventifs. De nombreux ouvrages ont été consacrés à cette période et l’on trouve aisément de nombreuses informations et vidéos sur le net. Pour ceux qui étaient ados dans les années 80, il était plus difficile d’appuyer sur la touche Nostalgie pour se faire un Remember. Sébastien Gérard, accompagné par le collectionneur Laurent Barraud, répare le manque avec cette somme, ce pavé, détaillant année par année, l’aventure du journal de 1981 à 1992, puis racontant les rebonds de la fin de l’aventure jusqu’en 1994. Bienvenue dans quinze ans d’histoire de l’hebdomadaire avec ses succès et ses échecs, ses innovations et ses mutations.
Quatre invités de marque étayent les propos de l’auteur : Robert Andreucci, membre de la rédaction de 1978 à 1994, Claude Bardavid, même fonction mais à partir de 1972 (tous les deux ont été à moment donné rédacteurs en chef du journal), Yannick Hodbert, dessinateur salarié du journal entre 1969 et 1994 et qui donna son autonomie à Hercule dans des gags poilants, ainsi que Curd Ridel, qui a, entre autres, dessiné Pif à partir de 1985.
Commençons donc en 1981, aux origines de la période jaune. Voyant ses ventes décliner, l’hebdomadaire a décidé de se payer un lifting complet. Exit le bandeau rouge et sa demi-planche de BD en couverture. « Pif et son gadget surprise » est devenu « Pif Gadget ». Le célèbre gadget est mis en scène en une. La période dite jaune débute en 1982 avec « Le nouveau Pif ». Le gadget n’est plus l’argument de vente du journal mais en reste une composante indispensable, faisant partie de son ADN. Avec les BD-Blocks, les séries s’offrent un écrin détachable en milieu de magazine. Les héros maison (Rahan, Capitaine Apache, Arthur le fantôme,…) côtoient des poids lourds recrutés (en rediffusion) chez d’autres éditeurs (Léonard, Gaston,…). Durant ces années 80, la formule ne cessera d’évoluer, se collant à l’actualité des stars, de la télévision et des dessins animés, qui seront consacrés plusieurs années de suite par Les Truffes d’or. Niveau BD, les parts entre l’humour et l’aventure s’équilibrent. On va même chercher des séries à l’étranger comme Pinky, le lapin rose de Mattioli.
En 1986, le journal va se mettre à ronronner dans une période blanche. Les conditions économiques complexes ne sont pas favorables. Les fausses bonnes idées alternent avec les dernières fulgurances. Sébastien Gérard ne verse pas dans l’hagiographie. Ayant conscience de la faiblesse créative de la période, il choisit de s’attarder sur quelques temps forts. « Pif et son gadget » devient Pif. Les partenariats publicitaires bouffent littéralement le journal. Hercule prend le leadership avec le lancement de son mensuel Super Hercule. 1987 est quand même marquée par la création d’une série mythique (dont une intégrale serait bienvenue) : Radio Kids, signée Curd Ridel, sur des scenarii de Jacques Lelièvre. A partir de 1990, on assiste à la lente agonie du journal. Le chapitre est émouvant. Entre disparitions inexpliquées et revivals éphémères, on ne peut s’empêcher d’y croire e. t d’espérer à chaque fois… en vain.
Ce « bazar de grumlot des années 80 et 90 » est une madeleine de Proust pour tous les ados de cette époque qui attendaient leur Pif Gadget dans leur boîte à lettres ou chez le marchand de journaux. L’idée de cibler cette période est finalement une bonne idée. Comme au cinéma, on attend maintenant le prequel.
One shot : L’histoire de Pif et son gadget – L’aventure des années 1980-1990
Genre : Ouvrage d’étude
Auteurs : Sébastien Gérard et Laurent Barraud
Éditeur : Pulse Vidéo
ISBN : 9782491233273
Nombre de pages : 272
Prix : 35 €