Chacun a ses vieilles histoires personnelles.
« –Bloody Hell ! La maison d’Alexander Stillborn réduite en cendres, tel un champ de mort. Cette fois-ci, elle a tout perdu…
-Les tentatives d’assassinat sur Lady Stillborn se multiplient, inspecteur, et celle-ci a été très proche de réussir.
-Malgré tous mes efforts et les moyens mis en place pour sa protection, elle n’en fait qu’à sa tête sans se soucier du reste, à croire que mourir lui est égal… »
Sud de l’Angleterre, 1886. L’inspecteur Isaac Jack observe les ruines encore fumantes de la maison d’Alexander Stillborn. Pendant ce temps, à Londres, sa nièce, Rebecca Stillborn, dite Becky, est interrogée par un juge virulent. Elle doit répondre à cinq chefs d’accusation : importation de produits non approuvés par l’autorité de médecine britannique, administration de substances non autorisées, expérimentation sur des êtres humains, erreur médicale et homicide. Elle risque la pendaison. Refusant de plaider coupable, le procureur l’accable. Que la cour prenne garde, Becky pourrait s’enflammer.
Arnaud Michel poursuit la trilogie fantastico-polar de son héroïne Becky Stillborn dans une Angleterre victorienne aux relans d’une époque qui change et que les aristos ne souhaitent pas voir évoluer. Ils sentent le vent qui tourne et s’accrochent à leurs acquis. La société est phallocrate. Il est reproché à Becky de ne pas être marié et par conséquent de ne pas avoir de tuteur « mâle », ce qui fragilise encore plus sa situation. Mais Becky est féministe avant l’heure, un féminisme symbolisé par ses pouvoirs fantastiques. Son enquête sur la mort de son oncle va la mener dans l’antre de la folie. A l’instar d’une Nellie Bly qui s’était faite volontairement internée, elle va entrer dans un asile en tant que soubrette pour retrouver le fameux Moonstrock. Mais au final dans cette affaire, c’est l’inspecteur Jack qui va voir ravivé son passé tragique.
Graphiquement, Arnaud Michel tient bon la barre, avec des compositions monstrueusement efficaces dans tous les sens du terme. Les progrès depuis le tome 1 sont bien visibles. Le propos général de la série est plus profond qu’en simple apparence. Il y est question de folie, de résilience et de féminisme. Plus que le procès de Becky, c’est le procès d’une époque que raconte l’auteur. C’est sur la fluidité du scénario qu’Arnaud Michel a encore une marge de progrès. On passe d’une scène à une autre de manière parfois trop abrupte, retrouvant des personnages dans des situations éloignées dans l’espace et dans le temps. Au fur et à mesure, on arrive à remettre les pièces en place, mais on peut facilement perdre le fil. L’auteur devra être vigilant sur ce point pour la fin de l’enquête.
Entre sorcellerie, folie et satanisme, les plus barbares ne sont pas forcément ceux que l’on croit. On en avait parlé pour le tome 1. Les références à Seven sont encore plus marquées ici, notamment dans un final cauchemardesque. Vite, la suite…
Série : Becky Stillborn
Tome : 2 – Jusqu’à ce que le sang les sépare
Genre : Polar fantastique
Scénario, Dessins & Couleurs : Arnaud Michel
Éditeur : Filidalo
ISBN : 9782375080191
Nombre de pages : 64
Prix : 15,90 €