Dur retour sur Terre
« -A l’arrière, grouille !… J’ai un dernier joker ! On tente le tout pour le tout. Vite, enfile ce parachute !
-Combien de temps il nous reste ?
-Si tu te dépêches, juste assez !
-C’est quoi ce sac ?
-Matériel de survie, fusées de détresse. Tu en auras besoin si tu t’en sors…
-Hein ?… Mais… Et toi ? Ton parachute ??!
-Je… Je n’en ai qu’un, Largo… »
Largo Winch et Jarod Manskind sont à bord de la navette spatiale de ce dernier qui fonce s’écraser sur Terre. L’organisation d’éco-combattants We Blue a pris le contrôle de l’appareil. Leur objectif est d’éliminer les milliardaires nuisibles de leur espèce. Les commandes ne répondent plus. Ils viennent de rentrer dans l’atmosphère. Leur seul salut est de quitter l’engin. Il y a juste un hic : ils n’ont qu’un parachute. Alors que Jarod est prêt à se sacrifier, Largo ne l’entend pas de cette oreille. Ils sauteront ensemble. Les voici en pleine nature, peut-être en Californie, peut-être dans le Nevada, dans ce qui ressemble en tous cas à un immense parc national. Il n’y a plus qu’à regagner la civilisation. Pas si facile avec des combinaisons tracées par We Blue. Les tueurs pourraient arriver plus vite à les retrouver que les secours. De son côté, Simon, entre deux conquêtes amoureuses, ou plutôt sexuelles, retrouve le journaliste Tom Halbrow, en vie, bien décidé à reprendre ses investigations sur les contrats du Winch Group avec la société minière indonésienne l’Indomining, stipulant que l’actionnaire principal ne peut décider seul de la fermeture de la Flamingo, possession commune, sans l’accord de son partenaire. Il pourrait y avoir magouilles pour obliger Largo à vendre ses parts.
Deuxième partie du diptyque débuté avec La frontière de la nuit, Le centile d’or a tout du blockbuster hollywoodien. Mais au fait, c’est quoi, le « centile d’or » ? C’est le terme désignant le 1 % des hommes et femmes les plus fortunés de la planète, les milliardaires qui trônent tout en faut de la pyramide, comme Jarod et Largo. Mais on a beau être richissime, on peut quand même être dans la panade. Même si l’on sait que, à l’instar d’un Thorgal ou d’un Bob Morane, Largo s’en sortira, on entre à fond dans l’aventure. Les ficelles sont parfois énormes, mais peu importe. On est là pour de l’action sur fond de finances, même si on n’est pas obligé de tout comprendre sur ce dernier point. On en a pour son argent.
Même si Philippe Francq a toujours dit ne pas être « marié » avec Eric Giacometti, le binôme fonctionne à merveille. Le scénariste a une approche très « série télé » de l’intrigue. Les rebondissements scandent l’avancée du thriller comme un métronome. On ne peut lâcher l’album dont la construction est minutieuse. Avec Simon, les auteurs jouent un peu dans la provocation. Le complice de Largo est tout sauf #MeToo. C’est parfois un brin poussé. Graphiquement, Philippe Francq est au sommet, avec des décors forestiers peu habituels dans la série, et des hélicoptères sous tous les angles. Jean-Michel Ponzio apporte sa patte dans la création de décors 3D, ajoutant de la profondeur et de la crédibilité.
Parfois, on se dit que ça fait du bien de lire autre chose que des classiques. Mais quand ils sont de cette trempe, ce serait vraiment ballot de s’en priver. Largo Winch a encore de belles années devant lui.
Série : Largo Winch
Tome : 24 – Le centile d’or
Genre : Thriller financier
Scénario : Eric Giacometti
Dessins : Philippe Francq
Couleurs : Philippe Francq & Bertrand Denoulet
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034767823
Nombre de pages : 48
Prix : 15,95 €