Jurassic Island
« -Regardez ! L’aiguille du compas pointe droit vers la terre… A présent… plaçons la barre à tribord toute !
-Barre à tribord toute !
-Que constatez-vous ?
-L’aiguille est toujours dans la même position… Droit sur les falaises ! Qu’est-ce que ça signifie ?
-Connaissez-vous le navigateur italien Caproni ?
-J’en ai entendu parler…
-En 1721, il affirma avoir découvert un nouveau continent… »
Début du XXème siècle, Bowen Tyler, ingénieur dans la marine américaine, son chien Prince, et Lys LaRue sont les seuls rescapés du bateau dans lequel ils se trouvaient et qui a été torpillé par un sous-marin allemand. A bord d’un canot de sauvetage, ils sont recueillis par un remorqueur anglais. Alors que l’u-boat allemand s’apprêtait à attaquer ce nouveau refuge, Bowen et l’équipage salvateur parviennent à prendre possession du sous-marin qui venait d’endommager leur embarcation. Sous pavillon ennemi, leurs alliés ne les reconnaissent pas. Ils doivent fuir avant de se faire torpiller. Au fil des jours, les appareils se détraquent et les vivres commencent à manquer. Il y a du sabotage dans l’air. Bowen va rapidement confondre le malfaisant. Dans tous les cas, il va falloir à présent trouver rapidement un endroit où accoster. La seule terre en vue semble être une île inaccostable. Il y aurait peut-être un moyen d’y pénétrer. Bienvenue dans un monde oublié !
Si aujourd’hui les histoires d’îles perdues peuplées de dinosaures et de peuples cachés peuvent sembler monnaie courante, à l’époque où Edgar Rice Burroughs, le créateur de Tarzan, publie cette nouvelle, elle révolutionne le genre, au même titre que Le monde perdu de Sir Arthur Conan Doyle paru quelques mois plus tôt. Nous sommes en 1917, The lost U-boat commence à paraître en feuilleton, avant d’être édité plus tard sous le titre The land that time forgot, puis en français en étant nommé La terre que le temps avait oublié. Les Etats-Unis sont entrés en guerre contre l’Allemagne. Rice Burroughs est préoccupé par les questions de race et d’évolution. Il écrira trois histoires qui formeront le cycle de Caspak. Le torpillage du navire britannique le Lusitania fut certainement pour lui l’élément déclencheur qui le lança dans ce récit bien plus politique qu’en apparence.
Corbeyran s’empare de ce roman pour en faire une bande dessinée sans temps mort, à l’action quasi omniprésente, s’éloignant petit à petit du piège énorme du récit dans le récit. Même si ça pourrait sembler désuet, ça fait quand même du bien de lire du passé simple dans certains récitatifs. Notre langue est encore vivante. Corbeyran puise l’essentiel de l’essence du livre originel pour embarquer ses lecteurs dans une histoire entre Jurassic Park et Tarzan. Gabor développe des décors luxuriants et une faune préhistorico-terrifiante. On est dans de la vraie bonne BD d’aventures classique comme il n’y en a finalement plus tant que ça. L’histoire sera clôturée dans un deuxième volume sur lequel nous reviendrons.
A l’instar de Robert Howard et ses histoires de Conan le Cimmérien, l’adaptation des romans du créateur de Tarzan semblait destinée au 9ème Art, même si le 7ème s’en est déjà emparé, voir le film The land that time forgot réalisé par Kevin Connor en 1974. C’était il y a déjà cinquante ans. Grâce à Corbeyran et Gabor, le monde oublié d’Edgar Rice Burroughs ne l’est aujourd’hui plus.
Série : Un monde oublié
Tome : 1
Genre : Aventure
Scénario : Corbeyran
Dessins : Gabor
D’après : Edgar Rice Burroughs
Couleurs : Hiroyuki Oshima The tribe
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344039786
Nombre de pages : 64
Prix : 15,50 €