La course à la mallette
« -Bruce Ali, notre indic sino-africain. Qu’est-ce que tu magouilles par ici, vieille bourrique ?
-Spoon, White ! Ma part de sang blanc est heureuse de vous voir… Tirez-moi d’ici, vite !
-Holà ! Le commissaire nous a ordonné de patrouiller à Harlem en vue des prochaines élections, pas d’intervenir dans les conflits afro-américains ! »
Mis à mal par un groupe d’afro-américains qu’il a malencontreusement blessés dans leur amour-propre, Bruce Ali voit son salut en l’arrivée imprévue d’une patrouille de police qui est composée de ses « amis » Spoon et White. L’indic transporte une mystérieuse valise qu’il doit remettre à Harry Khan, un collègue à eux chouchou du commissaire. Les deux flics vont le faire pour lui. C’est cela, oui. La valise ne s’ouvre pas et Spoon a bien envie de la garder. Sauf qu’il se la fait chaparder en l’oubliant dans sa voiture devant chez lui. Apparemment, l’attaché-case est bien convoité, notamment par un sénateur qui voudrait absolument la retrouver avant tout le monde.
Spoon et White, les bad cops, bad pour mauvais pas pour méchants, nous emmènent au cœur des tourments de la police et des gangsters de la ville américaine. Les Starsky et Hutch de Wish n’ont pas de limite et n’hésitent à faire leur justice personnelle, même si leurs propres collègues doivent en pâtir. Si White a la tête sur les épaules (enfin, faut le dire vite), Spoon n’a aucun filtre. Ce kidulte, fan de Disney et des peluches de cet univers, joue avec son Magnum comme un bambin avec ses Playmobil. Il est très premier degré. Il est dans son monde. Mais faut pas l’énerver quand même… Quant à Courtney Balconi, elle attend impatiemment la valise. Il en va de sa crédibilité de journaliste.
Avec Funky Junky, on pénètre dans l’Amérique multiraciale. En plein cœur des quartiers mal famés, Spoon et White vont découvrir une jungle. Non pas une jungle urbaine, ça on le savait, mais un enfer vert en plein immeuble, autrement dit une plantation d’herbe qui fait rire, qu’on peut fumer et avec laquelle on peut faire des gâteaux spéciaux. Les éditions Bamboo poursuivent la réédition de cette série mythique qui en est déjà à son troisième éditeur, après Dupuis et Vents d’Ouest. Aux dessins, Simon Léturgie est aidé aux décors par Franck Isard. C’est punchy tout comme il faut. Un cahier graphique montre des croquis préparatoires, des illustrations et des strips. Au scénario, le duo Yann et Jean Léturgie détonne dans cette histoire à l’action et à l’humour à égal dosage. Le pitch de départ est similaire à celui du Cherchez Charlie d’Emmanuel Moynot paru plus tard chez Sarbacane (Rappelons que ce Funky Junky est une réédition), mais le traitement en est complétement différent, les deux albums valant tout autant le coup l’un que l’autre.
Polar, thriller, hommage à Peter Pan dans son plus profond délire, cette course à la mallette au sommet est à mourir, c’est le cas de le dire, de rire, c’est aussi le cas de le dire.
Série : Spoon & White
Tome : 5 – Funky Junky
Genre : Thriller humoristique
Scénario : Jean Léturgie & Yann
Dessins : Simon Léturgie & Franck Isard
Couleurs : Julien Loïs
Éditeur : Bamboo
ISBN : 9791041100323
Nombre de pages : 56
Prix : 12,90 €