Entretiens avec Patrick Gaumer
« – William peut enfin souffler. C’est un beau métier, auteur de BD, mais c’est aussi parfois un peu l’esclavage. Tout n’a pas été toujours facile. Mais quand on voit le résultat, la vie que nous avons menée tous les deux, nos enfants et petits-enfants, tous ces moments de bonheur et de partage, tous ces albums et dessins qui restent dans la mémoire des lecteurs, on se dit que ça en vaut la peine ! » (Petra Vance)
William Vance (1935-2018) fut l’un des meilleurs dessinateurs réalistes de bande dessinée de tous les temps. Le biographe Patrick Gaumer l’a rencontré de nombreuses fois dans sa maison en Espagne. Ces entretiens donnent aujourd’hui lieu à une monographie semi-chronologique, semi-thématique lui rendant honneur.
8 septembre 1935, William Vance naît à Anderlecht en Belgique. L’enfant timide connaîtra les affres de la guerre. Son père prisonnier, il est élevé chez ses grands-parents. Chaque dimanche, à la sortie de la messe, son aïeul lui achète l’hebdomadaire Bravo !. Le gamin est subjugué par Le Rayon U de Jacobs et Bimelabom de Laudy. Il est plus tard marqué par Hergé, Kresse et les auteurs américains. Sa passion l’emmènera à ne pas embrasser une carrière ouvrière comme les membres de sa famille, mais le dirigera vers l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, soutenu par son père, malgré des hauts et des bas. Il commencera sa véritable carrière en faisant des illustrations pour la publicité. En 1961, il fait une rencontre décisive, celle d’une jeune espagnole installée en Belgique et qui partagera toute sa vie : Petra. 1962, ils se marient. 1969, c’est la naissance de leur fils Eric.
William Vance fait ses véritables premiers pas dans la bande dessinée en devenant l’assistant de Dino Attanasio sur Bob Morane pour le magazine Femmes d’Aujourd’hui. Il réalise les crayonnés des personnages du Collier de Çiva. Petra, elle, devient coloriste. Plus tard, après avoir essuyé de nombreux refus dans diverses rédactions, chez Spirou, chez Tintin, il est enfin engagé par ce dernier magazine pour des récits historiques, grâce à l’appui de Liliane Funcken, Tibet et Albert Weinberg. Sa rigueur fera l’unanimité, tant auprès de ses pairs que des lecteurs, ô combien pinailleurs sur ce genre d’histoires. C’est grâce à cela que Vance décroche sa première série : Howard Flynn, avec Yves Duval au scénario, récit maritime préfigurant ce que sera plus tard Bruce J.Hawker. Il changera de décor avec le western Ringo, renouant avec sa passion pour les films d’Howard Hawks et de John Ford. Plus rien ne semble arrêter la carrière de William Vance. Va à présent venir le temps des grands succès.
La monographie de Patrick Gaumer consacre de longs et touffus chapitres aux grandes séries de William Vance, à commencer par Bruno Brazil, un groupe d’agents secrets têtes brûlées, sur scenarii de Greg. Pour Henri Vernes, il sera le meilleur dessinateur de Bob Morane pendant dix-huit épisodes. Avec Rodric, et surtout avec Ramiro, Vance chevauchera dans des contextes historiques peu exploités, au Moyen-Âge espagnol. Son amour pour la marine à voiles l’amènera à créer Bruce J.Hawker, en fin 1976, toujours pour Femmes d’Aujourd’hui. Vance fera même une reprise de luxe, celle de Blueberry, pour deux épisodes de la série Marshall Blueberry, mais ça, ce sera au début des années 90. Si Vance connaît le succès, la gloire a frappé à sa porte au début des années 80. Greg ne fournissant plus de scénario pour Bruno Brazil, il créé un nouveau polar d’espionnage avec Jean Van Hamme : XIII. La suite, racontée dans ce pavé, appartient à la grande histoire du Neuvième Art.
Avec cette monographie, Patrick Gaumer offre à William Vance l’écrin qu’il manquait pour mettre sa carrière en valeur et découvrir l’être sensible, cultivé et bienveillant qu’il était. C’est chose faite avec ce pavé richement illustré indispensable.
One shot : William Vance Monographie
Genre : Monographie
Entretiens avec : Patrick Gaumer
Dessins : William Vance
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782505079118
Nombre de pages : 408
Prix : 45 €