Symphonie vers le Nouveau Monde
« -Bonsoir messieurs. Je vois que vous fêtez votre dernier jour à terre comme il se doit.
-Isaac ! Ha ha ! Vois-tu des messieurs, ici ?
-Trinquons à l’or des nombreux galions qu’on va croiser !
-Santé !
-Santé ! »
Londres, septembre 1740. La couronne d’Angleterre en guerre contre l’Espagne a décidé d’envoyer une flotte en direction des possessions coloniales de son ennemie. Une armada va être appareillée pour rejoindre la côte Pacifique d’Amérique du Sud afin d’attaquer les territoires aux mains des espagnols. Parmi ces navires, le Wager, une vieille frégate de vingt-huit canons, allait appareiller. Dans l’équipage, il y a Isaac Morris. Il rejoint ses compagnons de voyage dans une taverne, pour une dernière soirée avant le départ. Il ne savait pas qu’il allait vivre une aventure hors du commun dans laquelle il frôlera la mort plus d’une fois.
Six navires composent la flotte et mille quatre cent dix marins constituent les équipages. Quelques mois plus tard, une tempête au Cap Horn détruit le Wager, navire sur lequel voyage Isaac. Les naufragés atteignent en barque une île déserte au sud du Chili. Des indigènes les rejoignirent mais on ne peut pas dire que la rencontre se passa bien. Grâce aux débris du Wager, les hommes réussiront à reconstruire une embarcation. Entre intempéries et famine, il fallait trouver une terre plus accueillante. Réussiront-ils à rallier Buenos Aires ? Les rencontres hostiles sont plus faciles à faire. Les survivants seront vendus comme esclaves. Isaac reverra-t-il un jour ses terres anglaises ?
Le naufrage du Wager est une aventure épique comme on en lit peu. Et pour cause, c’est le genre d’histoires qu’on ne peut pas inventer puisque c’est un récit véridique. Chaque case, chaque planche de Lautaro Fiszman est un tableau impressionniste. Ce n’est pas un dessinateur. C’est un peintre. Les scènes maritimes sont incroyables, hallucinantes, grandioses. C’est avec des albums comme ça que la bande dessinée pourra enfin être reconnue et entrer dans les Musées. Ceci dit, comme dans tout bon album, l’histoire reste privilégiée. Le scénariste Pablo Franco a reconstitué un puzzle composé de témoignages et d’articles d’époque pour écrire cette histoire si improbable qu’elle ne l’est pas. On ne dévoilera pas la fin. La version officielle de l’expédition est due au pasteur Richard Walter officiant à bord. Les survivants du Wager laissèrent cinq témoignages différents. Ils s’étaient séparés en deux groupes. A travers cette histoire, Franco reconstitue un morceau de l’histoire des premiers habitants de l’Amérique du Sud. Il l’explique dans une riche postface.
Le naufrage du Wager a reçu le prix du meilleur roman graphique latino-américain en 2021. Les éditions iLatina poursuivent leur mise en valeur de la bande dessinée sud-américaine. Il aurait été regrettable de passer à côté d’un tel trésor, même si les marins, eux, n’en auront pas déniché.
One shot : Le naufrage du Wager
Genre : Aventure historique
Scénario : Pablo Franco
Dessins & Couleurs : Lautaro Fiszman
Traduction : Thomas Dassance
Éditeur : iLatina
Collection : Aire Libre
ISBN : 9782491042356
Nombre de pages : 100
Prix : 24 €