Le retour des insondables
« -C’est combien un sandwich ?
-Standard ou premium ?
-Quelle est la différence ?
-Premium, il y a du pain. »
Une dame est au commissariat afin de porter plainte pour violences conjugales. Tant qu’il ne l’a pas tuée, les policiers ne peuvent malheureusement rien faire. Par bonheur, il y a au poste de police des experts qui travaillent sur la problématique. Un peu de spiritisme et le tour est joué. Faut pas prendre les cons pour des gens ! On en croise tous les jours, à tous les coins de rue. Emmanuel Reuzé et ses camarades de jeu en recensent un bon paquet dans ce quatrième volume de la série éponyme chez Fluide Glacial, l’éditeur qui a retrouvé depuis quelques mois la force du rire de sa belle époque.
On trouve de tout comme tuto sur le net. Par exemple, saviez-vous que vous pouvez apprendre à vous opérer tout seul de l’appendicite ? C’est ce qu’explique ce jeune homme, tripes à l’air, à sa mère. Les médecins finiront le travail, mais il a fait le gros du boulot. A l’école du petit Léo, qui fait aujourd’hui son premier jour de classe, le directeur est polyvalent. Il est aussi instituteur, surveillant, cuisinier, homme de ménage. Que va penser l’inspecteur quand il le contrôlera ? Pas de souci, l’auto-évaluation s’est très bien passée. Quant au prix de l’homme de demain, il revient à Emile Tranchant, SDF qui ne contribue pas aux activités humaines qui détruisent la planète. Et pour cause, il ne conduit pas, ne pollue pas, ne consomme pas d’électricité, ne gaspille pas d’eau, bref, c’est un exemple pour la société.
Comment trouver encore des conneries à écrire et dessiner après trois albums hilarants ? Grâce à Dieu, la connerie, comme l’espace, est infinie. C’est un domaine insondable. C’est pour ça qu’Emmanuel Reuzé et ses co-scénaristes Jorge Bernstein et Vincent Haudiquet ont encore du grain à moudre, et que c’est toujours aussi drôle qu’au début. Reuzé se place en observateur du monde. Fan de la comédie italienne des années 60/70, il s’inspire de cette forme de satire sociale acide et piquant qu’il y avait dans les films de Dino Risi ou Ettore Scola. Il transpose un humour animalier à la Gary Larson à la société humaine, lequel faisait la démarche inverse. Reuzé travaille en brainstorming avec ses co-scénaristes pour dégager la substantifique moëlle de notre bêtise, car nous sommes tous un petit peu con sur les bords, reproduisant parfois des comportements sociaux injustes automatiquement, sans que l’on s’en rende vraiment compte.
« Quand on est con, on est con. Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père, Quand on est con, on est con. », chantait Brassens en 1961 dans Le temps ne fait rien à l’affaire. Plus de soixante ans après, ils sont toujours là, pour notre plus grand plaisir… ou pas. Emmanuel Reuzé les a repérés. Hilarant.
Série : Faut pas prendre les cons pour des gens
Tome : 4
Genre : Humour
Scénario : Emmanuel Reuzé, Jorge Bernstein & Vincent Haudiquet
Dessins & Couleurs : Emmanuel Reuzé
Éditeur : Fluide glacial
ISBN : 9791038204584
Nombre de pages : 56
Prix : 13,90 €