Changement de direction
« -Je vous connais de réputation, Gargamel. Quand allez-vous tourner la page ? Renoncez à poursuivre sans cesse les Schtroumpfs ! Vous avez sûrement de vrais talents. Développez-les au lieu de gâcher votre vie dans cette obsession. D’ailleurs, les Schtroumpfs sont trop malins.A quoi bon en attraper un ou deux puisque les autres viendront les libérer ?
-Je… Hum… Ce n’est pas faux, je… »
Pour leur première rencontre, l’enchanteur Homnibus a réussi à déstabiliser Gargamel. Il le convainc que son entreprise de destruction des Schtroumpfs est veine, que le combat est perdu d’avance. Le grimoire dans lequel il est stipulé qu’il faut faire fondre un Schtroumpf dans une marmite pour changer le plomb en or ne serait qu’un recueil de sornettes. Dépité, le sorcier rentre chez lui, décidé à arrêter de tenter de capturer les lutins bleus. Chez les Schtroumpfs, le Schtroumpf coquet est au bout de sa vie. Il a plein de boutons sur la figure. Le Grand Schtroumpf lui prépare une décoction mais il lui manque du millepertuis. Voici donc quelques Schtroumpfs en partance en expédition dans la forêt. Et sur qui vont-ils tomber ? Hein ? Sur qui ? Gargamel ? Hé bien, non ! Enfin, si, mais plus tard. C’est un naturaliste qui va se trouver face à eux.
Georges-Louis Bouffon cherche à passer à la postérité. L’observateur parcourt les sentiers et les marais à la recherche d’espèces remarquables à observer, dessiner, voire capturer. Lorsqu’il va apercevoir des Schtroumpfs, il va se rappeler qu’il en a vaguement entendu parler dans un traité sur le monde elfique. S’il développe le sujet, il deviendra célèbre. Alors qu’il va chercher à en capturer, c’est Gargamel qu’il va trouver en travers de sa route. Le sorcier a-t-il vraiment revu sa position par rapport aux Schtroumpfs ? Ou bien ne supporte-t-il simplement pas que l’on marche sur ses plates-bandes ?
Alain Jost et Thierry Culliford déstabilisent les Schtroumpfs tout autant que les lecteurs. Le naturel de Gargamel reviendra-t-il au galop ? La rencontre avec Homnibus est une idée détonante. Dommage que le passage soit si bref. Pour une fois, les scénaristes sortent de la problématique de base que l’on trouve dans la quasi-totalité des albums des Schtroupfs, à savoir un problème assimilable à un sujet contemporain que les lutins doivent résoudre. Ici, ils vont devoir composer avec la fourberie de l’âme humaine. Georges-Louis Bouffon est une transposition de Georges-Louis Buffon, jardinier de Louis XVI et auteur d’une Histoire naturelle, l’un des premiers ouvrages sur la transformation des espèces et leurs modes de vie. C’est la première fois qu’Alain Péral se trouve au dessin dans l’univers de Peyo. Il intègre les codes tout en gardant un peu sa patte, avec des Schtroumpfs un brin plus trapus que ceux de Miguel Diaz Vizoso ou Alain Maury. Le dessinateur montre qu’on peut respecter des codes en restant soi-même. Il serait enfin temps que les auteurs des studios Peyo puissent bénéficier de leurs noms en couverture d’albums.
Les Schtroumpfs font partie de ces séries classiques qui traversent le temps, presque dans l’indifférence. Pourtant, contre vents et marées du temps qui passe, ils sont toujours là et jamais ne déçoivent. Bien sûr, le charme des premières aventures n’est plus vraiment là, mais ils sont toujours là, avec sincérité et une certaine élégance, respectant les lecteurs.
Série : Les Schtroumpfs
Tome : 41 – Gargamel l’ami des Schtroumpfs
Genre : Aventure
Scénario : Alain Jost & Thierry Culliford
Dessins : Miguel Diaz Vizoso
Couleurs : Studio Nine Culliford
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 97828082011017
Nombre de pages : 48
Prix : 11,95 €