Un récit résonnant avec l’actualité
« -Pourquoi me regardes-tu ainsi ?
-Je suis toujours content de te revoir.
-Pas moi. J’ai cru que tu n’y arriverais jamais. Qu’étias-je censé faire au milieu de tous ces morts ?
-Mais tu es certain d’avoir découvert la trace de Juste de Tibériade ?
-Tu t’imagines être le seul à pouvoir déchiffrer l’araméen ?
-Non. Mais tu certainement le seul à t’y risquer en pleine guerre, dans un piège pareil ! »
1942. Alexandre Dreuil vient d’arriver en Egypte, dans l’oasis de Siwa. Il est archéologue et cherche à déterminer la réalité du passé. Depuis que sa femme est morte, sa seule obsession est de dégager le sable et les débris des siècles pour trouver le sens définitif des actes des hommes tels qu’ils se sont produits. Les blindés allemands ne sont pas loin, à la frontière syrienne. Alexandre est attendu par Omar. Ce dernier aurait repéré le nom de Juste de Tibériade sur le mur d’une nécropole antique. Il était l’ennemi juré de Flavius Josèphe. Cela fait cinq ans que le chercheur enquête sur le destin de ces hommes, et en particulier sur Juste de Tibériade. Il va pouvoir constater de ses yeux vus la découverte faite par son collaborateur. Mais les bombes allemandes ne vont pas tarder à tomber. La guerre qui ravage le monde laissera-t-elle à Alexandre Dreuil le temps de terminer ses investigations ?
La vie d’Alexandre Dreuil a changé quelques années plus tôt, le jour où sa femme Maya a été assassinée au volant de sa voiture, en Italie, non loin du Colisée, par un policier lors d’un contrôle, haineux qu’une femme de couleur puisse conduire une belle Alfa Roméo. Alexandre ne trouvera sa survit que dans les ordres, protégé par l’évêque Tertullio des fascistes mussoliniens. C’est lui qui lui donnera la passion pour l’archéologie, lui faisant se poser les questions sur l’histoire des antiquités juives.
A Beyrouth, c’est une certaine Esther qui vient de débarquer. Musicienne juive allemande, elle avait atterri en Palestine. Espionne pour l’URSS, elle est chargée de prendre un contact avec un allemand et de lui faire croire qu’il a des alliés à Jérusalem. Après la guerre, elle pourra participer à la création d’un état, ici-même, sur la terre que son dieu lui a offerte. Tout ne va pas se passer comme prévu. Esther sera sauvée par Bilal, palestinien, qui fera croire qu’il l’a exécutée.
Entre amour et haine, les destins d’Alexandre, d’Esther et de Bilal vont se croiser dans une marche du monde dont personne ne maîtrise le destin.
Stephen Desberg écrit un récit qui démarre en fait dès l’Antiquité. En faisant enquêter Alexandre sur Juste de Tibériade, le scénariste nous fait remonter le temps deux mille ans en arrière. Juste était un écrivain et historiographe juif du Premier Siècle. L’autobiographie de Flavius Josèphe en fait mention. Tout au long de son scénario, Desberg soulève la problématique de la terre du peuple juif. Il montre que depuis avant Jésus-Christ ils ont souffert de persécutions. Le Général Titus, fils de Vespasien devenu Empereur, le dit : « Il ne peut y avoir de nation juive face à la puissance romaine ! »
Bernard Vrancken donne au récit toute la prestance qu’il mérite. Les planches sont grandioses. L’auteur fait de la bande dessinée en cinémascope. Les couleurs de Colette Vercouter font tout autant partie de l’œuvre. Dans une cohérence sablonneuse, elle donne un ton spécifique à l’ensemble.
Les enfants du ciel est une fresque lyrique qui sonne de façon bien particulière en raison de l’actualité dramatique en Israël et en Palestine ces derniers mois, démontrant que l’Histoire avec un grand H est bien loin d’avoir pansé les plaies en ces lieux.
One shot : Les enfants du ciel
Genre : Histoire
Scénario : Stephen Desberg
Dessins : Bernard Vrancken
Couleurs : Colette Vercouter
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741103
Nombre de pages : 184
Prix : 29 €