Romance africaine
« -Les diamants à présent ! J’aurai tout entendu ! Tes mauvaises fréquentations t’ont mis de drôles d’idées dans la tête !
-Comment ça ?!
-Tu crois peut-être que je ne le sais pas ! Tu reviens de toutes tes escapades à Kolmanskop, épuisé par le jeu, l’alcool… et les putes ! et moi, pendant ce temps-là, je reste, seule, à gérer le domaine, le personnel… C’est pas ce qui était prévu, Hans ! On n’est pas venus là pour ça…
Juillet 1914, château de Duwisib, Maltahöhe, dans le Sud-Ouest africain, en Namibie. Hans et Jayta sont les propriétaires d’un immense domaine de plusieurs hectares. Pourtant, s’ils sont arrivés là quelques années plus tôt dans l’espoir d’une vie de rêve. Si Hans gagne très bien sa vie, il veut toujours ce qu’il n’a pas. Il est alcoolique. Il s’est mis dans la tête de faire fortune dans le diamant. Il a de mauvaises fréquentations. Et pendant ce temps-là, c’est son épouse qui gère le domaine et le personnel. Il est peut-être temps pour eux de changer d’air quelques temps en Europe. Reviendront-ils seulement en Afrique ? Qu’est-ce qui les en empêcherait ?
L’histoire commence dix ans plus tôt, en 1904, alors que les allemands sont en très de piller la région du Namib, la « terre sans nom », au détriment du peuple héréro qui subit massacres et exactions. La révolte gronde, les autochtones se rebellent, massacrant les colons mais épargnant femmes et enfants. Berlin et le Kaizer sont informés. A Berlin, le Reichstag s’inquiète et décide de prendre les choses en main. Il faut changer l’Etat-Major sur place en Afrique. Parmi les nouveaux colon, Hans Wolf sera du voyage. Juste avant de partir, il tombe sous le charme de Jayta Humphreys, belle-fille du consul américain à Dresde. Ils entretiendront une relation épistolaire. Quelques années plus tard, ils s’installeront là-bas, en Namibie, avant que la belle histoire ne prenne fin.
C’est à une histoire d’amour véridique que nous invitent les auteurs de ces Amants de la terre sans nom. Didier Quella-Guyot reprend des événements et des personnages ayant existé. Pan de l’histoire coloniale allemande, peu connu en France, la conquête de la Namibie ne s’est pas faite sans heurts. Le couple Hans-Jayta a vécu une histoire d’amour digne des plus grandes fresques cinématographiques. Il est d’ailleurs étonnant que le Septième Art ne se soit pas encore emparé de leur romance au décor exceptionnel et au contexte historique tragique, entre les conflits internes et l’arrivée de la Première Guerre Mondiale. La BD aura doublé le ciné. Quelques précisions dans un cahier conclusif reviennent sur le destin de Jayta et celui du château de Duwisib, toujours debout, devenu Musée-hôtel, propriété de l’état namibien, ainsi que sur les mémoriaux namibiens. Au dessin, on ne présente plus Joël Alessandra qui, en quelques années, a construit une bibliographie cohérente, sensible, émouvante et fédératrice, rassembleuse des populations du monde. Son trait aquarellé, souvent aux accents africains, est d’une sensibilité qui n’appartient qu’à lui et que l’on reconnaîtrait entre mille. Qu’il soit auteur complet ou « simple » dessinateur, son nom est désormais gage de qualité.
Pour les curieux de l’Afrique, les passionnés d’Histoire ou les adeptes de romances, Les amants de la terre sans nom sont de ces histoires tellement fortes qu’elles ne peuvent être inventées.
One shot : Les amants de la terre sans nom
Genre : Histoire
Scénario : Didier Quella-Guyot
Dessins & Couleurs : Joël Alessandra
Éditeur : Félés éditions
Collection : La vérité de la fiction
ISBN : 9782491483180
Nombre de pages : 112
Prix : 22 €