Une vie à l’attendre
« -La France a beaucoup a apprendre de l’Amérique. Nos destins sont liés depuis le début de l’histoire de celle-ci. Souvenez-vous que Lafayette s’est battu pour l’indépendance aux côtés de Washington et de Franklin. Et n’oubliez pas que l’inspiration pour notre propre révolution venait en partie de l’Amérique. Ils peuvent encore nous apprendre bien des choses comme à mieux nous gouverner. (…) Et eux aussi ont appris de nous, avec l’abolition de l’esclavage. (…)
-A votre avis que pourrions-nous faire pour que l’on s’en souvienne ?
-Une question intéressante, jeune homme. J’y ai beaucoup réfléchi. Il pourrait s’agir d’un monument conjoint, construit par les deux nations. Un monument dédié à la valeur suprême de l’humanité : la liberté. »
1866, à Versailles, alors qu’Auguste Bartholdi sculpte un buste pour un certain Laboulaye, juriste de son état, ce dernier soulève le fait qu’il serait intéressant de réaliser un monument dédié à la valeur suprême de l’humanité : la liberté, un monument conjoint construit par les deux nations que sont la France et les Etats-Unis. Bartholdi émet l’idée d’une statue, la plus grande statue jamais vue depuis deux mille ans. 1871, Paris est ravagée. C’est la Commune. Bartholdi promet à Laboulaye qu’il bâtirait la statue, quoi qu’il lui en coûte. Alors qu’il avait il y a quelques années le projet d’une statue ouvrant le canal de Suez creusé par Ferdinand de Lesseps, après le refus de ce dernier, Bartholdi a à présent les yeux tournés vers New-York, porte d’entrée de l’Amérique. En juin, il débarque dans la ville qui deviendra la Grosse Pomme, la ville qui ne dort jamais. Avant même de poser le pied sur le sol, il trouve l’emplacement de la statue. Ce sera cette île à l’entrée de la baie : Bedloe’s Island.
L’aventure ne fait que commencer pour Bartholdi. Non seulement, il doit concevoir la statue mais aussi en boucler le financement. Ni l’une, ni l’autre de ces actions ne sera aisée à accomplir. La seconde sera cependant bien plus complexe. Pour réaliser sa statue, Bartholdi sera aidé par Gustave Eiffel qui en conçoit l’armature intérieure. C’est qu’il faut qu’elle tienne debout et qu’elle résiste aux grands vents. Quant à l’argent, c’est le nerf de la guerre. Si les pouvoirs politiques participent au financement, compte tenu de l’augmentation incessante des matériaux, c’est loin d’être suffisant. Des souscriptions sont lancées. Des pièces de théâtre, des dîners de charité, des concerts, des ventes de gravures, de figurines et de livres pour enfants sont organisés pour recueillir des fonds. Jusqu’au dernier moment, Auguste Bartholdi ne saura pas s’il pourra finaliser son projet.
Miles Davis et Juliette Greco, Django Reinhardt, Jacques Brel, Edgar Degas, Eugène Viollet-le-Duc, et à présent Auguste Bartholdi : Salva Rubio est l’un des meilleurs biographes en bande dessinée. Le scénariste sait puiser dans l’essence des vies de ces personnes dont on connaît beaucoup mieux les œuvres que la personnalité. Il nous présente les êtres humains, avec leurs convictions, qui se cachent derrière. Bartholdi ne se laissera jamais abattre, allant ouvrir la porte B si on lui fermait la porte A. Là où Icare échoua en voulant se rapprocher du ciel, on sait que lui va réussir. Dans un réalisme pur, le dessinateur espagnol Eduardo Ocana rend l’aventure grandiose. De l’atelier à l’installation, il donne une dimension impressionnante à cette géante dont le métal est densifié par les couleurs concrètes de Maz!.
On connaissait sa statue mais on ne savait pas grand-chose de lui. Salva Rubio et Eduardo Ocana éclairent Auguste Bartholdi de la lumière qu’il mérite, à la manière de la Liberté à l’entrée de New-York.
Série : Les bâtisseurs
Tome : 2 – Bartholdi La statue de la Liberté
Genre : Biopic
Dessins : Eduardo Ocana
Scénario : Salva Rubio
Couleurs : Maz!
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
ISBN : 9782413037743
Nombre de pages : 72
Prix : 15,95 €