Genre de conte, conte de genres
« -Hé toi ! Oui ! C’est à toi que je parle !
-Attends… Tu peux me voir ?
-C’est moi qui pose les questions ! Ton nom et ton… Euh… Est-ce que tu es méchante ? S’il te plaît ?
-Je m’appelle Sierra. Je suis pacifique. Enfin, je crois.
-Pacifique ! Ouf ! J’ai cru que… Je suis Olivia ! Enchantée ! »
Olivia a une dizaine d’années. Elle est la seule à le voir, mais elle est sûre que c’est réel. Mais elle, est-elle réelle à ses yeux ? Cette entité qu’elle côtoie est un chevalier féminin sans tête. Ou plutôt, elle l’a, mais pas toujours posée sur ses épaules. Elle chevauche un étalon noir, lui-même en armure. Elle n’est pas un fantôme et s’appelle Sierra. La gamine et son mystère vont régulièrement se rencontrer. La cavalière va apprendre à l’enfant qu’elle lui doit allégeance et, genou à terre, met sa vie à son service. Damnée pour l’éternité, Sierra doit veiller sur Olivia que l’on verra grandir, tomber amoureuse, vieillir, … sous l’œil chevaleresque de sa gardienne.
Xulia Vicente écrit un conte à la fois moderne et ancien. On n’avait pas vu de chevalier sans tête depuis le Sleepy Hollow de Tim Burton. Celui-ci n’a ni la même origine, ni le même but. S’il, ou plutôt elle, car c’est une femme, porte sur elle une malédiction, on la découvre comme une sorte d’ange-gardien. Elle sera bien plus que ça. Autre que le gardien, Sierra est en fait le destin d’Olivia. Il est impossible d’en dire plus sans risquer de déflorer le final percutant de ce trop court récit dans lequel Vicente aborde le sujet de l’orientation amoureuse et par delà de la liberté du choix de vie.
Les éditions des aventuriers de l’étrange publient régulièrement les albums de cette autrice originale, dont Et le village s’endort, au mystérieux scénario atypique. Dans un style et un genre complètement différents, Mon sombre chevalier surprend tout autant. Dans un graphisme épais, la dessinatrice ose des découpages aérés, n’hésitant pas à laisser des blancs dans certains morceaux de pages, comme des blancs dans la vie, invitant à la réflexion ou montrant le temps qui passe. Sur une incroyable planche en quatre cases horizontales, Sierra et Olivia chevauchent au fil des saisons comme s’il s’agissait d’un seul et unique dessin, au printemps, en été, à l’automne et en hiver.
Mon sombre chevalier démontre que malgré l’inéluctabilité du temps qui passe, il ne faut pas hésiter à assumer ses propres choix, en dépit des qu’en dira-t-on, afin tout simplement de vivre sa vie. Beau et émouvant.
One shot : Mon sombre chevalier
Genre : Conte moderne
Scénario, Dessins & Couleurs : Xulia Vicente
Éditeur : Les aventuriers de l’étrange
Collection : Voyageurs d’ailleurs
ISBN : 9782490195220
Nombre de pages : 40
Prix : 16 €