Hollywood Sobibor
« -Des soldats de l’armée rouge ! Pas des cuisiniers, des tailleurs ou des fils de rabbin, comme on en a déjà ici par centaines, mais des soldats, rompus à la discipline, habitués à combattre et à tuer !!! Le grand là-bas ! Allons le saluer !! Bonjour… Nous aurions aimé vous souhaiter la bienvenue, mais, en vérité, nous sommes surtout navrés de vous voir atterrir dans cette annexe de l’enfer !!! »
Un nouveau groupe de prisonniers vient d’arriver au camp de concentration de Sobibor dans lequel se trouve Moïse. Ils viennent du ghetto de Minsk. Belle opportunité pour les détenus. Ils pourront peut-être profiter de la forme et de la force de leurs compagnons de galère pour échafauder un plan d’évasion. Quelques années plus tôt, en 1936, à Hollywood, Moïse était aux prises avec une milliardaire nymphomane. C’est son frère Sal, scénariste de cinéma, qui l’a mis dans ses griffes afin de le dépuceler, à 21 ans. Le cadet n’en demandait pas tant. Le duo se rend sur le tournage d’un film écrit par Sal. Le consul d’Allemagne à Los Angeles Gyssling aimerait revoir avec lui quelques dialogues incongrus qu’il faut réviser pour le marché allemand. Les studios Warner sont-ils prêts à l’accepter ?
Entre les lumières d’Hollywood et la fange de Sobibor, la vie de Moïse Rubinstein fait le grand écart. Le luxe fait place à la crasse, le sexe à la violence et les faux semblants à la dure réalité. Alors que Salomon profite de la vague du succès d’un cinéma en pleine expansion, Moïse s’inquiète de la tournure que prennent déjà les événements au milieu des années 30. Alors que Salomon s’intéresse à son confort et s’avère gentiment nombriliste, Moïse a les yeux tournés vers la marche du monde. Monsieur Warner recherchant quelqu’un d’assez fou et culotté pour filmer et faire sortir des images qui montreront sans ambiguïté au monde ce que fomente le gouvernement allemand, Moïse serait-il l’homme de la situation ?
La saga des frères Rubinstein en est tout pile à sa moitié. Les auteurs publient le cinquième volume sur les neuf prévus. Œuvre de mémoire majeure sur la tragédie que vécurent les juifs, non pas en Allemagne, mais dans le monde entier dans les années 30 et 40, la série en arrive à un tournant où tout s’accélère pour les personnages. Il est salvateur que de telles séries puissent exister à l’heure où les éditeurs ne jurent plus que par les one-shot et micro-séries. Mais il y en a si peu de nos jours. Il serait même à craindre que Les frères Rubinstein soit une des dernières séries de ce type. Il est étonnant que ça se passe ainsi en BD alors que dans l’audiovisuel les séries sont au meilleur de leurs formes. Qui sait ? On y reviendra peut-être. En attendant, Luc Brunschwig réussit à imposer cette fresque dessinée par Etienne Le Roux et Loïc Chevallier et colorisée par Elvire de Cock.
Signer un pacte avec le diable est-il le meilleur moyen pour éveiller les consciences ? A trop vouloir s’approcher de l’enfer, on risque de se brûler les ailes. Le brasier est en train de s’allumer. Les frères Rubinstein en sortiront-ils indemnes ? Comme on le dit pour du grand cinéma, voici de la grande bande dessinée.
Série : Les frères Rubinstein
Tome : 5 – Un pacte avec Satan
Genre : Chronique familiale historique
Scénario : Luc Brunschwig
Dessins : Etienne Le Roux & Loïc Chevallier
Couleurs : Elvire De Cock
Éditeur : Delcourt
Collection : Histoire & histoires
ISBN : 9782413049395
Nombre de pages : 72
Prix : 15,95 €