Les aventures d’un gardien de nuit
« -Lucie !!! …
-Quoi ?
-Le Musée du Louvre cherche un gardien de nuit !
-Et alors ?
-Mais Babi, où vas-tu ?
-Mais au Louvre. Tu ne te rends pas compte ! Il va y avoir mille demandes.
-… Pour être veilleur de nuit ? »
Passer ses nuits au milieu de ce que le génie humain a créé de plus beau, voilà ce dont rêvait Babi Maklouf. Fin des années 30, il a quitté avec femme et enfants son Algérie natale pour la France, cœur du monde, fille de la liberté, le plus beau royaume après celui du ciel. Voilà qu’une opportunité se présente à lui. Babi découvre dans le journal que le Musée du Louvre cherche un gardien de nuit, lui qui en rêvait, de somptueux tableaux, de sublimes sculptures, des femmes belles comme Diane à la biche ou la Vénus de Milo. On est en 1939. Tout s’annonçait pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’à ce que, l’année suivante, en 1940, le bruit des bottes retentisse dans la capitale française. Comme d’autres, Babi se voit confier une mission par le conservateur : exfiltrer les plus grandes œuvres afin qu’elles ne tombent pas entre les mains des nazis.
Elie Chouraqui raconte l’histoire de son grand-père. Le réalisateur et metteur en scène se lance dans la bande dessinée. On y découvre comment Babi Maklouf s’est trouvé au volant d’un camion rempli d’œuvres avec toute sa famille dans l’habitacle de la cabine, fuyant Paris. C’est Jacques Jaujard, le conservateur du Louvre, qui eut cette idée de génie d’organiser cette fuite des œuvres d’art dans une opération nommée « La Joconde a le sourire ». Empaquetés par des employés et des étudiants, les tableaux sont chargés dans des véhicules adéquats. Babi s’est donc porté volontaire pour en conduire un, direction un château de Province prévu pour les stocker. Grâce à ce stratagème, aucune œuvre ne sera perdue. Elie Chouraqui avoue avoir imaginé certains dialogues, romançant légèrement les choses.
La dessinatrice italienne Letizia Depedri publie ici son premier album en France. A partir de photos de famille de Chouraqui, elle a fait une famille de papier en s’éloignant de la réalité pour rester dans le style de son trait. Elle laisse parfois des cases sans contours, pour mettre en exergue des moments d’émotion. Au Louvre, elle joue sur des effets de lumière, avec des effets d’ombre. Les statues égyptiennes attendent dans le calme et une certaine sérénité, comme si elles savaient qu’elles étaient en sécurité. Depedri redessine également quelques chefs-d’œuvre de la peinture. On ressent sa passion pour l’art. Avec son trait semi-réaliste, elle fait de la saga des Maklouf un voyage incroyable, de l’Algérie à la France, puis de Paris à la Province.
La trilogie du Héros du Louvre devrait devenir un film en 2024 avec Kad Merad dans le rôle de Babi. En attendant, c’est une bande dessinée dans laquelle l’amour de l’art n’a pas de coût face au prix du danger. Vibrant.
Série : Le héros du Louvre
Tome : 1 – La Joconde a le sourire
Genre : Aventure historique
Scénario : Elie Chouraqui
Dessins & Couleurs : Letizia Depedri
Éditeur : Glénat
ISBN : 9782344051313
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €