Robodafé
« -A mon avis, il ne fallait pas tuer la femme.
-J’ai hésité… Mais j’étais lancé, et dans le feu de l’action, je me suis senti inspiré ! L’inspiration… Tu vois ce que je veux dire ? «
Alors qu’elle s’était cachée dans la maison pour faire une surprise à son papa, la petite Eva assiste au meurtre de ses parents par deux robots-limiers. Commence pour elle une existence en solitaire, ou presque, accompagnée de son chien Jesper, vivant de chapardages et squattant de riches villas pendant l’absence de leurs propriétaires. Elle va se trouver face à un robot suprémaciste, Halpha, qui est persuadé que les robots peuvent remplacer les humains. Pour cela, il lui faut détruire des livres. L’autodafé est lancé. Arrivera-t-il à son terme ?
La série d’anthologie scénarisée par les BeKa est l’une des meilleures nouveautés de ces dernières années. Mettre des âmes, qu’elles soient noires ou colorées, dans des humanoïdes, jusqu’à présent, seul Kid Toussaint y était arrivé avec Love, love, love. Une série d’anthologie est une série dont chaque épisode est indépendant et dont les personnages changent d’une histoire à l’autre. L’anthologie a un succès certain en télévision avec des séries comme The Twilight zone (La quatrième dimension), Black Mirror ou les saisons d’American Horror Story. En bande dessinée, le procédé est beaucoup moins courant. Dans un style jeunesse, Raoul Cauvin et David De Thuin avaient essayé de le faire avec la série Coup de foudre, mais le principe n’a jamais été exploité en raison de l’attachement aux personnages du tome 1, qu’on a donc retrouvé dans le tome 2. La promesse ne fut donc pas tenue. Pour les cœurs de ferraille, on n’en est qu’au deuxième épisode mais le principe est pour l’instant bel et bien adopté. Seuls le décor et l’époque relient les histoires.
« L’inspiration » est un thriller sans concession, mais c’est avant tout une ode à la lecture. Eva est une lectrice avec un L majuscule, peut-être parce que Munuera et les BeKa sont eux-mêmes de grands lecteurs. Bertrand, le « Be » de BeKa, avoue même lire toujours trois livres en même temps : un livre-plaisir, un livre documentaire et un livre plus prise de tête, de psycho, de philo ou de sciences. Munuera a montré son goût pour la littérature en adaptant Bartleby, le scribe d’Hermann Melville et Un chant de Noël de Charles Dickens.
Qui des humains ou des robots ont le plus de cœur ? Ce n’est pas la question à se poser dans ce tome 2. Un robot peut-il être aussi violent et froid que certains humains ? Là est la problématique, ici est la réponse. Les cœurs de ferraille battent fort dans des récits aussi haletants qu’émouvants.
Série : Les cœurs de ferraille
Tome : 2 – L’inspiration
Genre : Aventure
Scénario : BeKa
Dessins : José-Luis Munuera
Couleurs : Sedyas
Éditeur : Dupuis
ISBN : 97910347
Nombre de pages : 64
Prix : 12,95 €