Pour toi, public !
« -Il est pas mal le nouveau prof !
-Il a les cheveux vachement longs !
-Ouais, mais il n’a pas l’air marrant !!!
-C’est quoi ces lunettes ?
-Et le foulard !!!
-Il se la pète non ?
-Bon, on avance, et on monte l’escalier !!! »
1978. Albert Algoud, tout jeune professeur de français, vient d’être nommé dans le collège d’une riante bourgade savoyarde. Il est accueilli par le principal, surnommé « le hareng » à cause de sa ressemblance avec Acidenitrix, dans Le grand fossé d’Astérix. La salle des profs est remplie. Il y a entre autres Fanfoué, sympathique professeur de lettres, Mademoiselle Tambet, qui vouvoie les élèves, comme les chiens, parce que ça les calme, Monsieur Z., prof de techno porté sur la boutanche, et bien d’autres. Les élèves sont tout autant divers et variés, comme Christine, brillante et spirituelle qui entre et sort par la fenêtre, Etienne, boulimique de bonbons au langage ordurier, ou encore Joël, un autiste capable de donner le jour de la semaine correspondant à n’importe quelle date. Ah, oui, n’oublions pas Patrick, le comique de la classe aux lunettes de taupe. Albert Algoud va tenter de passionner ces chères têtes blondes à la littérature et au cinéma, à David Lynch et à Tintin, des choses pas conventionnelles dans ce monde ultra rigide de l’Education Nationale. Cela ne va pas être sans conséquence sur le jeune prof qui, parallèlement, va se découvrir une passion nouvelle pour un média qui vient d’être libéré en ce début des années 80 : la radio.
Albert Algoud est un humoriste bien connu. Membre éminent de la famille Canal + à la grande époque Nulle part ailleurs, il y a créé des personnages emblématiques comme le Général Ganache, le Père Albert ou François François. Il est également reconnu pour être un tintinophile avéré. Il a publié plusieurs ouvrages sur le sujet dont une fausse biographie de la Castafiore ou le fameux Haddock Illustré. Mais avant tout cela, il a été prof. C’est ce qu’il nous raconte dans cet album dessiné par Florence Cestac. Les deux compères se connaissent depuis bien longtemps. Ils font tous les deux partis du jury du Prix Wolinski, et Cestac a invité Algoud dans celui du Festival d’Angoulême lorsqu’elle en a été présidente.
Si des profs comme ça, il y en avait plus l’hyper-rigide Education Nationale aurait une autre face et les élèves auraient de meilleurs résultats. En tant que prof, Albert aiguisait les curiosités, menait ses apprentissages par la notion de plaisir. Quand on est heureux et curieux, on a envie d’apprendre et on se cultive. Ça, ça devrait être au premier plan des programmes. Pour l’instant, personne en haut lieu ne l’a compris et les rares enseignants qui adoptent le précepte Algoud ne doivent pas le crier sur les toits sous peine de s’attirer les foudres de leurs supérieurs. Bref, Albert Algoud était trop bien pour ce métier. L’arrivée des radios libres grâce à François Mitterrand va changer sa vie. Puis, c’est Hara-Kiri, la rencontre avec Georges Bernier, plus connu sous le nom du professeur Choron, puis celle avec Karl Zéro, Antoine de Caunes et l’aventure Canal.
Albert Algoud a sauvé sa vie. Si cet album permet ne serait-ce qu’à un seul prof de sauver la sienne en faisant de sa passion sa priorité, le pari sera gagné. Véridique, émouvant et drôle. N’est-ce pas, Pintimbert ?
One shot : Le prof qui a sauvé sa vie
Genre : Biopic
Scénario : Albert Algoud
Dessins & Couleurs : Florence Cestac
Éditeur : Dargaud
ISBN : 9782205206197
Nombre de pages : 64
Prix : 15 €