Bordeaux sous l’occupation nazie
« -Qu’est-ce qu’il se passe ? Poussez-vous !… Lâchez-moi !
-Chut ! Tu veux te faire embarquer, toi aussi ?
-Entre ! Dépêche-toi !
-Laisse-moi ! Ce sont mes parents ! Il faut que je fasse quelque chose !
-Seul contre ces brutes ? Tu crois vraiment que tu en es capable ? »
Bordeaux, rue Georges Bonnac, octobre 1942. Les parents et le frère d’Edmond, alias Doc, viennent d’être raflés par les nazis. Alors qu’il s’apprêtait à rentrer chez lui, le membre du réseau Papillon est retenu in extremis par une voisine qui le cache chez elle. Ils vont sûrement être emmenés à Drancy, puis envoyés en Allemagne. C’est ce qui est arrivé aux malheureux déportés en juillet. De leur côté, le reste du réseau rejoint des résistants qui interviennent sur les lignes ferroviaires pour empêcher des trains de circuler et désorganiser les lignes ennemies. Ceux-ci transportant parfois des civils, il faut les saboter sans faire de blessés. N’y a-t-il pas un moyen d’arrêter le train dans lequel voyagent bien malgré eux les parents de Doc ?
En cette fin d’année, la lenteur des arrestations irrite fortement le haut commandement allemand, jusqu’à Eichmann lui-même. Les objectifs de libérer la France des juifs étant loin d’être atteints, les nazis décident d’amplifier les actions punitives. Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de Gironde, reçoit une liste de quatre cents noms pour qu’il mène à bien cette mission. Le Führer pourra être fier de lui. Il demande le renfort de la police militaire allemande. Nous sommes le 19 octobre 1942. De la rue Sainte-Catherine au Boulevard Godard, il ne doit rester aucun juif dans la capitale bordelaise.
Les enfants, ou plutôt les adolescents, du Réseau Papillon sont de retour pour le septième épisode de leur guerre. Bien que nous soyons dans une bande dessinée, avec par définition des héros, ça ne veut pas dire que tout va bien se passer pour tout le monde. Si dans les fictions, les « héros » réussissent en général les actions qu’ils entreprennent, ce n’est pas toujours le cas dans cette série. C’est là la malignité du scénariste Franck Dumanche, accompagné pour cet épisode par Michel-Yves Schmitt. Le contexte historique prévaut sur les destins, pour plus de crédibilité. On parle ici de solution finale à la question juive, de collaboration d’Etat, avec Papon, de déportation et de la bataille du rail. La résistance s’organise pour saboter les lignes. Au dessin, Nicolas Otéro, qui surprend de plus en plus avec des albums réalistes comme « Jusqu’à Raqqa » ou l’étonnant « La cellule » sur les derniers attentats parisiens, garde la souplesse de son trait tous publics pour cette série pouvant être lue dès la fin de l’école primaire et intéresser jusqu’aux férus d’Histoire.
Les trains de 1942 roulent sur les rails de la honte. Les battements d’ailes du réseau Papillon réussiront-ils à entraver leur marche inéluctable ?
Série : Le réseau Papillon
Tome : 7 – Les rails de la honte
Genre : Aventure historique
Dessins : Nicolas Otéro
Scénario : Franck Dumanche & Michel-Yves Schmitt
Couleurs : 1ver2anes
Éditeur : Jungle
ISBN : 9782822237932
Nombre de pages : 56
Prix : 12,50 €