L’intégrale du premier cycle d’une série fondatrice
« -Ne bougez pas, je vais voir. C’est simple. Si c’est pas l’écho, c’est que c’est une jôle ! Alors là… pitié…
-Si c’est pas l’écho, c’est mon cul !
-Ciel, une jôle !
-Weuuh ! Ciel, une jôle ! C’est malin ça, tiens… Merdouze, va !… »
Dans les villages, les gens ont des vies simples, sans histoires… Dans celui-ci, vivent Julienne Bulzenave et Jean-Marie Duodupom. Ce sont des Merdouzilss. Ils habitent tous nus dans un pays aride et escarpé. Ils vivent en toute sérénité, ou presque. Il y a les Gardes-fous, des géants pas franchement drôles qui pourraient bien les croquer, et puis, il y a les jôles, de grandes bestioles dégingandées qui répètent en écho tout ce qui est dit et qui pourraient bien attirer les Gardes-fous. Les deux Merdouzilss décident donc de partir à l’aventure. Peut-être qu’il existe un monde sans jôles et sans môlettes. C’est ainsi qu’ils vont rencontrer le rêveur de réalité qui travaille sur les possibilités qu’offrent les rêves. Il a aperçu dans les flammes de l’âtre de sa cheminée la pâleur du visage et l’or des cheveux de… la crognote rieuse, avant qu’elle ne parte. En fait, c’est lui qui a fait venir Julienne et Jean-Marie, pour qu’ils l’aident à la retrouver.
S’il est une série complexe à résumer, c’est bien Dans les villages. Cette série mythique, qui a réellement débuté à la fin des années 70 dans Fluide glacial, fait la part belle au rêve et à presque été écrite en écriture automatique et a eu plusieurs vies. Née dans l’éphémère magazine Tousse Bourin, c’est le mensuel de Gotlib qui la lança. On y découvrait les personnages principaux dans de courts récits qui se suivaient. Cabanes a ainsi mis en place son univers. En quittant Fluide pour des désaccords financiers, l’auteur débarque chez Dargaud en 1982 et développe son univers, densifie l’intrigue, tout en se laissant porter par son imagination au gré des errances de ses idées. Aux côtés des créatures imaginaires, on va y croiser un joueur de pétanque, P’tit Louis, qui symbolise l’essence même de la série. Il pourrait être un monsieur-tout-le-monde. Il est comme une Alice au pays des merveilles.
Dans les villages est une véritable œuvre d’artiste. Le scénario improbable invite Boris Vian à la rencontre de Lewis Caroll. Les dialogues distordus n’ont rien à envier à Alfred Jarry. Ça semble commun de nos jours, mais imaginez l’originalité il y a quarante-cinq ans. Pour autant, la série n’a absolument pas vieilli. Au niveau graphique, on voit Max Cabanes grandir. Cette intégrale présente même le tout premier court récit dans sa première version, avant qu’il ne le redessine. Cabanes, maître du noir et blanc, évolue petit à petit, en intégrant la couleur, en diminuant les hachures. Ces villages ont contribué à lui offrir la récompense suprême à Angoulême en 1990. Après les quatre épisodes recueillis ici, un second cycle de trois albums, dont on espère aussi l’intégrale, verra le jour chez Dupuis entre 2005 et 2008.
« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité. » Cette phrase issue du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry prend tout son sens dans les villages, une série faisant partie du patrimoine de la bande dessinée et à (re-) découvrir d’urgence en vous perdant dans les coulisses de l’imaginaire.
Série : Dans les villages
Tome : Intégrale cycle 1
Genre : Onirisme
Scénario & Dessins : Max Cabanes
Couleurs : Mariane Rousseau & Max Cabanes
Éditeur : Les humanoïdes associés
ISBN : 9782731653748
Nombre de pages : 224
Prix : 39 €