Un parcours politique hors du commun
« -Tu as fini ta punition, Philibert ?!
-Oui, presque !
-Dépêche-toi, ça va être l’heure du repas… Quelle idée tu as eu d’aller crever le chapeau melon du frère surveillant !
-C’est une vieille peau… Et puis il n’avait qu’à pas l’oublier sur le porte-manteau ! »
1910, Philibert Besson a de la chance d’être un bon élève. Sinon, il aurait été déjà renvoyé du pensionnat du Puy, chez les frères, dans lequel il étudie. Il est premier en mathématiques, en histoire et en gymnastique mais est turbulent et provocateur. Son père est décédé accidentellement avant sa naissance. Sa mère l’a élevé seule. A l’école, il y a dans sa classe Thibaud, le fils de la baronne de Lignac. Il est lui aussi orphelin de père. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas d’affinités. 1917, Besson s’engage sur le front italien. Il a à peine dix-huit ans. Il va s’y distinguer. Plus tard, il entamera une carrière politique à Vorey-sur-Arzon, au grand dam de Thibaud devenu Baron. Si ce dernier a une morale pas très catholique, Philibert se bat pour ses idées politiques défendant les petites gens face à un monde qui s’industrialise.
A des années-lumière des pantalonnades politiques des années 2020, il y a de cela un siècle, les hommes politiques prenaient leurs missions bien plus au sérieux. Ils travaillaient au service de l’électeur et du citoyen, un exemple que pourrait suivre quelques-uns de nos dirigeants. Philibert Besson était un touche-à-tout. Poilu, officier de marine, ingénieur en électromécanique, l’homme alignera les mandats politiques : maire, député. Rebelle, il sera rendu inéligible. Il ne se laissera jamais abattre. Européen avant l’heure, anticapitaliste, il œuvrera toujours pour ses électeurs, n’hésitant à commettre des actes à la limite de la légalité, comme déterrer des poteaux électriques qui venaient d’être installés.
Yves Le Faou raconte la vie d’un oublié de l’Histoire, un politicard rebelle, drôle, fantasque, mais efficace. Son enfance, son adolescence, ses engagements, on apprend tout de lui. Son caractère se forge dans une vie qui ne lui fait pas de cadeau. Il vivra toujours pour le bien des autres. C’est un altruiste. Il est a l’opposé du fonctionnement des bureaucrates avides de pouvoir et préférant soumettre le peuple plutôt que de travailler pour lui. Laurent Bordier a un graphisme cousin de celui de Nicoby, un trait semi-réaliste intergénérationnel. Aux couleurs, quel plaisir de retrouver les tons d’Anne-Marie d’Authenay, immergeant dans la première moitié du XXème siècle.
Cette première partie s’arrête en 1932, alors que Philibert Besson revient en force en politique. L’album est curieusement présenté comme un one shot alors qu’il y a bien inscrit fin de l’épisode à l’intérieur et que l’on termine en plein suspens. Il n’y a plus qu’à espérer que celui-ci rencontre le succès pour qu’on ait la chance de suivre la suite du parcours de Philibert le révolté.
Série : Philibert le révolté
Tome : 1
Genre : Histoire
Scénario : Yves Le Faou
Dessins : Laurent Bordier
Couleurs : Anne-Marie d’Authenay
Éditeur : Michel Lafon
ISBN : 9782749943619
Nombre de pages : 56
Prix : 17,95 €