Paris Mystère
« -Mais comment avez-vous fait pour venir aussi vite ?
-Cela fait trois jours que vous avez été admis dans cet hôpital, Théo.
-Il a été découvert par le meunier de Villefranche à trois kilomètres d’ici, inanimé, la figure pleine de sang…
-Traumatisme crânien. L’os a tenu, mais il a fallu pas moins de huit points de suture pour recoller tout ça ! Sans oublier une épaule déboîtée !
-Bien sûr, une enquête est en cours ! »
Paris 1890, après s’être évadé d’un temple dans lequel des prêtres sataniques le tenaient prisonnier, Théo Lemoine se réveille dans un hôpital. Traumatisme crânien, épaule déboîtée, vu d’où il vient, l’homme s’en est plutôt bien sorti. Il demande aussitôt des nouvelles de Victoria, mais lui seul semble savoir la connaître. Hugo de Reuhman ramène le convalescent dans sa vaste demeure. Le lendemain, les deux hommes décident d’aller rendre visite à Balthazar, libraire de son état. Il pourrait les mettre sur la piste d’un certain Vicomte de Cambrai, féru d’automates. La recherche du sarcophage de Moloch les amènera-t-il à la découverte du secret de la vie et de la mort ?
Seconde partie de « L’or du temps ». Les auteurs poursuivent leur hommage au Paris de la fin du XIXème siècle, aux grands feuilletons fantastiques. Les ombres de Belphégor, d’Eugène Sue, de Toulouse-Lautrec, de Mary Shelley, de Gaston Leroux, mais aussi de Tintin, planent sur ce diptyque envoûtant. Rodolphe aime Hergé. Non seulement, Théo est un Tintin de l’étrange, mais une partie de l’action se déroule au château de Cambrais qui est une réplique réduite de Cheverny qui inspira Hergé pour Moulinsart. Le scénariste fait intervenir un personnage réel en la personne d’Aleister Crowley, écrivain occulte anglais controversé né en 1875. L’un de ses surnoms était The Great Beast 666. Ça en dit long sur le personnage. Quant à l’expression « L’or du temps », elle vient de l’épitaphe du poète André Breton qui recherchait la splendeur de l’existence.
Le dessinateur Oriol est plus qu’un dessinateur. C’est le Toulouse-Lautrec du Neuvième Art. Il peint chaque case comme si c’était un tableau. Adepte du sfumato, il immerge dans un mystère aux dominantes violacées. L’or du temps est le type même d’album qui ne pouvait être édité que chez Daniel Maghen, l’éditeur-galeriste qui fait le pont entre les arts qui s’éditent et les arts qui s’exposent. Le cahier graphique final montre quelques travaux d’Oriol, avec en particulier une impressionnante peinture montrant Théo devant une gigantesque tête de crotale.
On ne dira pas si l’on aura au terme du récit la signification exacte de ce qu’est l’or du temps, mais ne serait-ce pas le fait de savourer intensément chaque instant de lecture d’une histoire comme celle-ci ?
Série : L’or du temps
Tome : 2 – Seconde partie
Genre : Polar
Scénario : Rodolphe
Dessins & Couleurs : Oriol
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741424
Nombre de pages : 80
Prix : 16 €