Justice et injustices
« -Vous êtes du côté de qui, Kujô ?
-J’obéis au client. Je ne suis du côté de personne. Je ne choisis pas mes clients en fonction de leur statut ou de leur moralité. Cependant, si je peux m’occuper de la loi pour eux, je ne gère pas leur vie à leur place, en revanche. »
Taiza Kujô est un avocat réputé de la place de la ville. Sa spécialité : défendre les cas complexes, les repris de justice, voire même des membres de la pègre. Deux affaires sont traitées dans ce tome introductif. Dans la première, ne durant qu’un seul chapitre, un jeune homme se présente au cabinet de l’avocat. Il est responsable d’un accident dans lequel un homme a trouvé la mort et son fils est dans le coma, une jambe en moins. Kujô accepte de le défendre. Il sépare la loi et la morale. Il a le devoir de défendre le client, même si le crime n’est pas pardonnable.
La seconde affaire prend tout le reste du manga. Dans L’honneur des faibles, Kujô va défendre un pauvre gamin qui deale de l’herbe pour survivre. Interpelé par un groupe de policiers, il est en bien mauvaise posture lorsque Kujô, assistant à la scène, se présente comme son avocat. Kujô le sauve d’un séjour au mitard et prend le garçon sous son aile. Ayant déjà goûté à la prison, ce dernier est sous la coupe de Kanemoto, un malfrat qui l’oblige à rendre des comptes dans un trafic de cannabis et de cocaïne.
On connaissait Shôhei Manabe pour sa série au long cours Ushijima, l’usurier de l’ombre, qui vient de se clore après 46 volumes. Ce manga très sombre nous faisait pénétrer dans l’univers sombre des yakuzas, où tout se paye bien plus cher qu’on ne le croit. Pessimiste, fataliste, souvent malaisant, il faut avoir le cœur bien accroché pour lire l’histoire d’Ushijima, ce type sans aucune morale à qui il vaut mieux ne pas emprunter de l’argent, même s’il en propose.
Dans son trait rude et réaliste le mangaka Shôhei Manabe est de retour avec un manga toujours sombre et réaliste, mais beaucoup plus supportable que le précédent. On quitte les yakuzas pour de « simples » gangsters ou malfrats. Taiza Kujô est une sorte de Jacques Vergès qui n’hésite pas à prendre en charge des situations semblant impossibles à défendre. Trouvera-t-il toujours les arguments pour sauver ses clients de situation inextricable ? On se laisse prendre au jeu dans un scénario malin. Dans un tel style et dans le genre société japonaise qui tente d’échapper à un avenir noir, on n’avait rien lu de mieux depuis Ikigami.
« Pourriez-vous défendre l’accusé… ? Criminel ou victime, la loi est aveugle… » Kujô a pour principes de ne pas en avoir. Comme l’avocat accroche ses clients qu’il ne laisse pas tomber, Manabe accroche les lecteurs avec les arguments implacables et inattendus de son héros.
Série : Kujô l’implacable
Tome : 1
Genre : Thriller/Polar
Scénario & Dessins : Shôhei Manabe
Éditeur : Kana
Collection : Big Kana
ISBN : 9782505120414
Nombre de pages : 208
Prix : 7,55 €