Dante sublimé
« -Virgile ? Tu serais Virgile ? Tu es Virgile !
-Mon seul maître et mon inspirateur !
-Mais comment ? Dis-moi ? Est-ce mon rêve qui continue ?
-Nul rêve ici, mon bon Dante, et c’est vrai, Béatrice t’attend. Il t’est enfin permis d’espérer la retrouver. C’est elle qui m’envoie pour te guider jusqu’à elle… »
Dante vient de perdre sa bien-aimée, sa douce Béatrice qui enchantait ses jours. Inconsolable, même à Florence, sa ville qu’il aime tant, l’homme décide de se retirer dans sa villa isolée en pleine campagne. C’est lors d’une promenade en forêt qu’il entend Béatrice l’appeler. Chimère ou réalité ? C’est en tout cas le poète Virgile qu’il aperçoit quelques instants plus tard et qui s’annonce comme un messager de la défunte pour guider le veuf jusqu’à elle. Pour la retrouver, Dante, accompagné par Virgile, va devoir traverser les neuf cercles de l’enfer. Le voyage ne va pas être un long fleuve tranquille. Les amoureux seront-ils réunis ?
L’enfer de Dante, première partie de La Divine Comédie, est l’un des ouvrages réputés les plus complexes à aborder. Long, répétitif, ça n’enlève en rien ses qualités littéraires qui font de l’ouvrage un classique depuis des siècles, l’œuvre datant du début du XIVème siècle. Dante Alighieri se met en scène, le terme en abime serait même plus approprié. Il lui faudra franchir le fleuve Achéron à bord de la barque de Caron, traverser les limbes, affronter un cerbère, côtoyer des âmes perdues, éviter le regard des Méduses et le Minotaure, jusqu’à rencontrer Lucifer, l’ange déchu.
Si en 1490, à la demande de Lorenzo di Medici, c’est Boticelli qui illustra La Divine Comédie avec cent-deux dessins à la pointe de métal, ce sont les frères Gaëtan et Paul Brizzi qui en 2023 proposent leur vision. Après avoir travaillé dans l’animation, entre autres chez Disney, ils se concentrent depuis quelques années sur la bande dessinée et en particulier sur les adaptations littéraires avec par exemple La cavale du Docteur Destouches de Céline, Les contes drolatiques d’Honoré de Balzac ou bien L’automne à Pékin et L’écume des jours de Boris Vian. Avec leur « Enfer », les auteurs rendent abordable un ouvrage écrit en langue vernaculaire il y a sept cents ans. Chaque case semble être une gravure d’époque, tout en gardant les codes et le ton du média bande dessinée, comme si celui-ci était né lui aussi il y a plus d’un demi-millénaire. C’est assez fascinant.
Avec fluidité mais précision, avec romance mais respect, les frères Brizzi contribuent à la pérennité d’une œuvre du patrimoine mondial.
One shot : L’enfer
Genre : Poème épique
Scénario & Dessins : Gaëtan et Paul Brizzi
D’après : Dante
Éditeur : Daniel Maghen
ISBN : 9782356741349
Nombre de pages : 160
Prix : 29 €