Des enfants de la résistance
« – Pardon… Je suis fort affecté… Pendant l’occupation, j’ai rencontré des hommes, des femmes… qui ne donnaient jamais leurs vrais noms. Parmi ces artisans clandestins de la libération, certains ont échappé jusqu’au bout aux balles et aux guet-apens. D’autres n’ont pas eu cette chance. Deux d’entre eux sont morts en martyr de la liberté. Au début de la guerre, vous aviez 12 ans, 13 ans… Vous étiez unis par la bande dessinée depuis quelques années. Des enfants qui ne pensent qu’à lire, jouer, et pourtant… »
31 décembre 1944, cimetière de Marcinelle. Jean Doisy pleure sur la tombe de deux jeunes résistants, morts pour la patrie. Ils étaient des amis de Spirou. Ils faisaient partie d’un groupe de six membres. Remontons l’histoire, quatre ans et demi plus tôt, en août 1940. Cinq garçons assistent aux horreurs perpétrées par l’occupant nazi. Ils étaient fiers d’appartenir à un club pour rire créé en 1938 dans le journal de Spirou, au temps de l’insouciance. Un club pour rire, oui, mais avec des valeurs de morale. C’est ainsi que ce groupe d’amis recueille Miche, une petite fille juive dont la famille vient d’être raflée. Ensemble, ils vont lutter contre l’envahisseur.
David Evrard et Jean-David Morvan s’emparent du code d’honneur des amis du journal de Spirou pour raconter une histoire de résistance. Ils ne s’éloignent pas tant que ça de la réalité, Jean Doisy, alias le fureteur, rédacteur en chef du journal à cette époque, ayant été un grand résistant. Le code d’honneur des amis de Spirou repose sur neuf préceptes :
· Un ami de Spirou est franc et droit;
· Un ami de Spirou a du cran, il sait dire oui ou non;
· Un ami de Spirou aime la discipline libre et joyeuse;
· Un ami de Spirou est fidèle à Dieu et à son pays;
· Un ami de Spirou est l’ami de tous mais surtout des faibles;
· Un ami de Spirou sait se rendre utile, se déranger pour les autres, se priver;
· Un ami de Spirou n’a pas peur de se salir les mains, mais veut se garder propre dans ses pensées, ses paroles et ses actes;
· Un ami de Spirou est toujours gai et de bonne humeur, même devant la difficulté;
· Un ami de Spirou s’engage à ne dévoiler à personne la clef du code.
C’est le premier de ces préceptes qui donne son titre à ce premier tome. Chacun des gamins de la bande prend un pseudonyme inspiré d’un héros du journal. Flup devient Spip 02, Georges est Fantasio 24. Tif 38 et Tondu 39 sont les nouveaux noms de Pierrot et Paulo. Armand se nomme Valhardi 17 et la petite Miche est Spirouette 33947. Malgré leur jeune âge, ils vont combattre le nazisme, et l’on sait déjà que deux d’entre eux n’en reviendront pas. La série est l’occasion pour les auteurs de rendre hommage à la grande histoire de la bande dessinée. Ce n’est pas au Moustic Hôtel mais à l’hôtel Velter, du nom du créateur même du groom, que l’on croise le chef portier Entresol ainsi que Spirou lui-même. On aperçoit une brasserie Delporte, des assurances J.G., et on voit Jijé lui-même à la rédaction dans les bureaux de Marcinelle. Clin d’œil à Hergé, l’agent 15 de Quick et Flupke est dans la rue.
Après Irena et en parallèle à Simone, le duo Evrard/Morvan poursuit son devoir de mémoire dans un registre et un style où l’on n’attendait pas autant d’émotion. Incroyablement efficace et passionnant.
Série : Les amis de Spirou
Tome : 1 – Un ami de Spirou est franc et droit…
Genre : Histoire
Scénario : Jean-Denis Morvan
Dessins : David Evrard
Couleurs : BenBK
Éditeur : Dupuis
ISBN : 9791034763184
Nombre de pages : 72
Prix : 14,95 €