Dans la tourmente de la Grande Guerre
« -Bobards et bourrage de crânes… A quelques kilomètres d’ici, c’est un enfer indescriptible… Juliette, je crois que mon patriotisme faiblit. En tout cas, je perds mes certitudes.
-Si la censure t’entendait… Il faut bien terminer cette guerre et le mieux est de la gagner ! »
12 août 1915. Marie Marillac lit dans le journal que les allemands tirent fort mal et fort bas et que les troupes françaises ne font même plus attention à leurs mitrailleuses. C’est ce qu’on appelle la méthode Coué. La situation est bien plus complexe sur le front. On peut même dire que c’est l’enfer. Infirmière et pilote d’aéroplane, Marie va se voir décerner la toute nouvelle croix de guerre. Son courage et son engagement ne plaisent pas à tout le monde. « Comment ? Une femme pilote ? Elle se prend pour qui ? C’est inconcevable. » La jeune femme compte bien prouver à ses détracteurs qu’elle mérite cette reconnaissance.
Pascal Davoz raconte la guerre de 14 par le prisme de cette infirmière qui rêve de devenir une pilote reconnue par ses pairs. Le scénariste ne lui fait aucun cadeau, la mettant dans des situations inextricables dans lesquelles elle devra user de stratégie ou de ses charmes pour en sortir. Et ce ne sont pas forcément les personnes dont elle est le plus proche qui seront ses principaux alliés. Davoz alterne scènes d’actions et scènes plus intimistes. Si celle de l’agression de Marie par des soldats français peut se justifier, le dialogue suivant avec le mitrailleur allemand est plus improbable. Ça fait penser aux passages pseudo-érotiques qui étaient un incontournable dans les albums de la collection Vécu chez Glénat dans les années 80. Ça ne fait pas vraiment avancer le schmilblick. On peut passer plus vite à autre chose, surtout qu’ici il y a tant à raconter. M’enfin, ne nous arrêtons pas à ce détail dans cette histoire où l’on suit le destin de cette fille qui n’a pas froid aux yeux, pour qui l’on vibre, pour qui l’on a peur, et dont on a envie de savoir ce qui va lui arriver.
Au dessin, Yves Plateau accorde de plus en plus de souplesse à ses personnages, mais il faut dire que ce qui paradoxalement a le plus de vie dans ses planches ce sont les avions. Les scènes aériennes sont impressionnantes. Il en est l’un des spécialistes. C’est la marque de fabrique, la particularité et l’originalité de la maison d’édition Idées Plus qui publie en parallèle bandes dessinées et merveilleux petits albums illustrés sur les véhicules, avions, bateaux d’époques. Aux couleurs, Max Bayo lorgne vers un sépia sans y être, parfait pour une ambiance réaliste datée dans le moment de l’histoire.
Être une femme dans un monde exclusivement masculin était loin d’être une sinécure il y a un siècle de cela. Si tout n’est pas gagné de nos jours, imaginez la situation plus de cent ans plus tôt. Misogynes, vexés, les militaires, entre autres, n’étaient pas prêts à accepter dans leur milieu des femmes ayant des compétences plus élevées que les leurs. Le courage et la bravoure de Marie leur donnent un sérieux coup de pied dans le derrière.
Série : La fille de l’air
Titre : 2 – « No woman’s land »
Genre : Guerre
Scénario : Pascal Davoz
Dessins : Yves Plateau
Couleurs : Max Bayo
Éditeur : Idées plus
ISBN : 9782374700342
Nombre de pages : 48
Prix : 14 €