Coup de froid pour chaude affaire
« – Un mort et un blessé grave dans le coma !… Un retour sur le terrain en fanfare, Agent Rafale ! Il n’y avait vraiment pas moyen de faire autrement ?
– Niet, colonel ! Je certifie que c’était eux ou nous et je n’aurais pas fait mieux au volant…
– On a pu les identifier, d’ailleurs ?
– Deux anciens dockers du port de Boston, virés il y a quelques mois pour trafic de drogue…
– La question est donc de savoir qui les a payés pour enlever le corps de ce garçon retrouvé dans la cargaison de poisson… »
Qui est-ce jeune homme, le corps à moitié recouvert d’écailles, retrouvé mort dans un container de poissons sur les docks de Boston ? Et pourquoi a-t-on tenté d’enlever son cadavre à la morgue ? Le WSIO (World Security International Office) est sur l’enquête. Si Whip et Gaucho ont réussi à intercepter les ravisseurs, de manière un peu brutale, Brazil et Nomade sont chargés d’identifier le corps et de retracer son parcours. Le container appartient à la compagnie Cooper Fishing Corp. Décollage imminent pour le Nunavut dans le Grand Nord canadien.
Reprendre une série n’est pas gage de succès, ni de réussite. Si on parle beaucoup de l’excellent revival de Ric Hochet dans les mains de Van Liemt et Zidrou, celui de Bruno Brazil est tout aussi honorable. Ric Hochet a eu une très longue période de vie originelle et a évolué avec son temps. Les auteurs ont choisi de l’ancrer dans les années 60. Bruno Brazil a eu une vie beaucoup plus courte. Si l’on excepte le dernier tome inachevé paru en 1995, les albums de Vance et Greg sont parus entre 1969 et 1977. Laurent-Frédéric Bollée et Philippe Aymond ont eu l’idée de génie de reprendre la série là où elle s’était arrêtée, à l’époque où elle s’était arrêtée, et avec les personnages dans l’état dans lequel les auteurs les avaient laissés. Pas de téléphone portable, d’internet ou de technologie moderne. Nous sommes en 1977.
Au dessin, Philippe Aymond est dans un classicisme qui ne peut pas décevoir. Net, propre, maîtrisé. Au scénario, Bollée se place en digne successeur de Greg. Ça a l’air facile comme ça de faire de la bande dessinée populaire d’espionnage et d’aventure. Ce n’est pas si simple que cela. S’il y avait une recette, ça se saurait. Bollée dose l’action et les poursuites comme le faisait l’ancien rédacteur en chef du journal Tintin, tant et si bien que l’on a l’impression de lire une bonne « histoire du journal Tintin », comme c’était marqué dans les albums à l’époque. Les nostalgiques y trouveront leur compte, mais les nouveaux lecteurs tout autant. Cette « terreur boréale » traite de manipulations génétiques, sujet toujours d’actualité. Le final apporte de l’humanité à Brazil en intégrant un fil rouge en guise de cliffhanger.
Pourquoi créer de nouveaux héros quand les « anciens » en ont encore autant sous le capot ? Bruno Brazil démontre encore que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.
Série : Les nouvelles aventures de Bruno Brazil
Tome : 3 – Terreur boréale à Eskimo Point
Genre : Thriller
Scénario : Laurent-Frédéric Bollée
Dessins : Philippe Aymond
Couleurs : Didier Ray
Éditeur : Le Lombard
ISBN : 9782808205764
Nombre de pages : 56
Prix : 15,45 €