Notre-Dame-de-Lot
« – C’est plus possible !!!
-La troisième en un an !!
-Et le maire ? Qu’est-ce qu’il fait le maire ?
-Voilà ce qui arrive quand on vote pour n’importe qui. Moi, j’ai pas voté pour lui !
-Et c’est qui, cette fois ?
-Le père Delpech l’a reconnue. C’est une petite de Luzech.
-Ah ? Elle est pas de chez nous ? Bon, ben, c’est déjà ça ! »
1960, sur les berges du Lot. Le corps d’une jeune femme est retrouvé dans une écluse. Ce n’est pas le premier. Ce ne sera pas le dernier. Le village est en émois. Tous les soupçons se portent sur Octave, un simple d’esprit qui vit avec son père. Le gaillard doit faire face aux lazzis et quolibets, à la cruauté humaine, notamment celle d’Alban qui pointe du doigt le coupable idéal. Heureusement, il y a Fanette, la belle Fanette, qui va prendre le contrepied dans cette affaire.
Si Victor Hugo avait placé l’action de Notre-Dame-de-Paris dans le futur d’un monde qu’il ne connaissait pas à l’époque, l’histoire se serait passée à Douelle, dans le Lot, à quelques kilomètres de Cahors. Quasimodo s’appellerait Octave. Esmeralda serait incarnée par une certaine Fanette, et on ne peut pas dire qui revêtirait le costume de Frollo sans trop en dire sur l’intrigue. Ce qui est sûr, c’est qu’Alban n’aurait pas joué Phoebus. Avec L’écluse, c’est un peu comme si Philippe Pelaez avait transposé l’œuvre mythique dans une autre époque et à un autre lieu. Le scénariste y instille cependant quelques accents pagnolesques avec les habitants de ce village qui réagissent en instinct grégaire un peu comme dans Jean de Florette.
Après La ballade de Dusty avec Ducoudray, Gilles Aris est de retour dans un thriller campagnard. Comme dans les meilleurs films des années 60, ses personnages ont des gueules. Leur psychologie transparaît dans leurs visages. Les regards et les silences en disent parfois plus long sur leurs sentiments. Les couleurs de mi-saison donnent une impression de chaleur estompée. Dès la première planche, le drame est en marche et rien ne peut l’arrêter.
L’écluse est de ces polars villageois ancrés dans leur époque. Il sent bon la France profonde. Le final non conventionnel montre qu’il ne faut jamais se fier aux apparences.
One shot : L’écluse
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Philippe Pelaez
Dessins & Couleurs : Gilles Aris
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
ISBN : 9782818978238
Nombre de pages : 64
Prix : 15,90 €