George Tout-puissant
« -Les miracles sont, par définition, impossibles. C’est pour cette raison que je n’y crois pas.
-C’est vous qui le dites, Fotheringay.
-Penchons-nous sur la notion de « miracle ». Un miracle est un phénomène contraire aux lois de la nature. Accompli par la seule force de la volonté. »
Dans un pub de la paisible localité d’Immering, George McWhirter Fotheringay tente de démontrer que les miracles n’existent pas. Par la force de l’esprit, il est par exemple impossible de renverser une lampe à pétrole et lui demander de continuer de brûler sans la toucher. Contre toute attente et au grand dam du cartésien, ça se produit. La lampe suspendue au plafond se retourne et s’écrase au sol. Le public est médusé mais pense à la supercherie. Alerté par le vacarme, l’agent Winch exfiltre le supposé poivrot de l’établissement. Pris dans un cyclone de perplexité, Fotheringay remet ses théories en doute. Et si les miracles existaient vraiment ? Seul, dans la rue, sur le chemin de sa maison, il fait un test. « Qu’une allumette apparaisse dans cette main ! » « Qu’une cigarette apparaisse dans mon autre main ! » Tout ça se produit. Dommage qu’il ne fume pas.

Ce jour-là, ou plutôt cette nuit-là, la vue de George McWhirter Fotheringay allait prendre un tournant décisif. Quelques œufs au petit-déjeuner ne feraient pas de tort. Qu’à cela ne tienne ! En voici une plâtrée supplémentaire. Les actes notariaux à rédiger représentent un travail long et fastidieux. Qu’à cela ne tienne ! Le travail va se faire tout seul. L’agent Winch prend George pour un abruti et veut l’amener au poste. Qu’à cela ne tienne ! Qu’il aille au diable ! Ha, mince, ha ben non, qu’à cela ne tienne pas… A quoi ressemble l’enfer ? Le policier y a vraiment été envoyé… Bon, ben, George verra ça plus tard. Dans une surenchère d’accomplissements, le fortuné, ou l’infortuné parce que son don n’est pas forcément un cadeau, va aller jusqu’à un événement ultime. Sera-t-il encore temps de faire machine arrière ?

Après Bartleby le scribe, d’Herman Melville, Un chant de Noël, de Charles Dickens, Peter Pan de Kensington, de James Matthew Barrie, et Son odeur après la pluie, de Cédric Sapin-Defour, José-Luis Munuera adapte Herbert George Wells avec L’homme qui pouvait accomplir des miracles, publiée en 1898. On connaît tous l’auteur pour ses œuvres majeures : La Machine à explorer le temps, L’Homme invisible, L’Île du docteur Moreau ou encore La Guerre des mondes. On connaît moins cette nouvelle satirique et absurde, dans laquelle l’écrivain règle ses comptes avec la religion. Munuera s’empare de l’histoire en insufflant de l’humour dans la tragédie, accentuant le côté burlesque. Le twist, final, magistral fait du récit un excellent épisode type Quatrième Dimension.
Comme d’habitude, saluons la sublime maquette de Philippe Ghielmetti pour cette collection. Sous une magnifique jaquette en quatre pans, on trouve un livre ciel marine étoilé. Le contenant est aussi beau que le contenu.

Chaque adaptation de Munuera est un coup de maître. L’auteur a pris là un créneau qui est devenu en peu de temps l’une des pierres majeures de sa bibliographie. Fantastique dans tous les sens du terme.
One shot : L’homme qui pouvait accomplir des miracles
Genre : Conte
Scénario & Dessins : José-Luis Munuera
D’après : H.G.Wells
Couleurs : Sedyas
Éditeur : Dargaud
Nombre de pages : 72
Prix : 17,95 €



