La source du Nô : Danser vêtu du monde
« -Oniyasha !
-Aïe…
-Tu as encore besoin de repos.
-Je…
-Il paraît que tu as perdu connaissance en entrant dans ta loge. Prends bien soin de toi, surtout.
-Si je me repose, on m’oubliera… Alors, le monde redeviendra comme avant. La danse est ma seule raison d’être. Si seulement j’avais une fleur forte… »
Japon, XIVème siècle. Oniyasha a découvert la danse et le théâtre. Il est sous la protection d’Ashikaga Yoshimitsu, troisième shogun du règne Muromachi qui l’a invité à vivre dans son palais. Oniyasha a encore plein de questions existentielles en lui à propos de l’art qu’il pratique. La beauté profonde et l’art de l’imitation sont les clefs de la transmission des émotions. Il va l’apprendre avec un astre au regard levé sur les brumes inondant les cieux. Cet astre, ce nuage de musique, c’est Inuô, artiste chef de la compagnie Saragaku Hieza de la province d’Ômi. Pour l’instant, Oniyasha qui se débrouille bien malgré son jeune âge perd un peu de son éclat sur scène. C’est son père Kan’Ami qui a fondé la compagnie Kanze. Il est encore un « fils de… » et va tout faire pour ne pas le rester.

© 2024 Vega, pour l’édition française
L’oiseau est fait pour voler, le poisson est conçu pour nager. Quel est donc l’utilité du corps de l’homme ? La réponse à cette énigme posée dans le premier volume de The world is dancing se trouve dans ce sixième et dernier volume. Comme Inuô, Oniyasha veut incarner un art qui touche tout le monde. C’est en retrouvant Satsuki, devenue commerçante indépendante, qu’il va trouver la voie qu’il recherche. C’est elle qui, en lui demandant d’organiser un spectacle avec des acteurs non professionnels, va lui montrer le chemin de l’éclosion. Lui qui ne se croît personne, saura-t-il faire naître une fleur ? Il ne lui manque plus que la clé qui relie les acteurs à un autre monde, au-delà de celui des humains. Cette clé, c’est un masque !

© 2024 Vega, pour l’édition française
The world is dancing raconte les origines du théâtre Nô. Relisez les articles consacrés aux cinq volumes précédents pour en savoir plus. Ce sixième et dernier tome est paru il y a déjà quelque mois, passé inaperçu entre les radars du fait du grand manque de visibilité des éditions Vega depuis qu’on ne sait plus si elles sont vraiment affiliées ou pas avec les éditions Dupuis. Cette conclusion remarquable est une élévation. On vit dans les entrailles d’Oniyasha, cherchant avec lui cette communion avec le public, cette transmission irréelle entre la scène et une certaine éternité. Il va évidemment la trouver dans ce nouvel art qui naît sous nos yeux : le Nô. Un entretien avec le mangaka Kazuto Mihara conclut la série. Il a cherché à comprendre un art considéré à tort comme compliqué et austère. Il a découvert tout ce qui y est sous-jacent et le transmet dans cet autre art qui est le sien, celui du manga, restituant une atmosphère à travers l’intensité des mouvements par le dessin.

© 2024 Vega, pour l’édition française
Le manga se termine à l’instant exact de la création du Nô, un instant suspendu. On aurait voulu poursuivre l’aventure pour découvrir comment il s’est développé au fil des siècles. Qui sait ? Kazuto Mihara ne ferme pas la porte à une éventuel nouveau cycle, sans pour autant l’annoncer. En attendant, les six volumes de The world is dancing constituent un émouvant voyage à travers l’art et le temps.
Série : The world is dancing
Tome : 6
Genre : Emotion
Scénario & Dessins : Kazuto Mihara
Éditeur : Vega
ISBN : 9782379504570
Nombre de pages : 248
Prix : 11 €