Honneur et fidélité
« -Yasuke ?
-Les grandes affaires du monde me dépassent, seigneur. Mon utilité pour vous n’est que dans le chaos des combats. De là, je peux vous informer d’un fait important. Nos tanegashimas peuvent stopper n’importe quelle charge de cavalerie. Mais pour que leur action soit efficace, elles doivent être plus nombreuses et leurs servants impérativement protégés en seconde ligne. Alors seulement, elles nous permettront de remporter des batailles.
-Tout est dit. Vous pouvez disposer. Yasuke, tu restes. J’ai besoin de toi pour une mission spéciale. »
Japon, fin du XVIème siècle, temple Honnô-Ji, aux environs de Kyoto. Shingen, grand stratège, aligne les victoires sur les champs de batailles. Le clan Oda est encerclé par ses ennemis, au bord de l’apoplexie. Pour son samouraï Yasuke, si on renforce la flotte d’arquebuses, on peut remporter des combats. Nobunaga sait que Mariko, la femme de Yasuke, a vécu à la cour de son ennemi Ieyasu Tokugawa. Il demande donc à l’époux à ce qu’elle accompagne le général Mitsuhide Akechi pour négocier une trêve. C’est un atout pour les pourparlers. Réticent, Yasuke va plier sous les ordres de son maître qui, intransigeant, le prie de ne pas le décevoir une seconde fois. Après une dernière nuit intime, en route pour les tractations. Entre la loi du sabre et celle de la raison, qui aura le dernier mot ?

La quadrilogie narrant l’histoire de Kurusan, le samouraï noir, qui aurait réellement existé, se clôt. Pour ceux qui découvriraient la série, il est nécessaire de se plonger dans les premiers albums. Il ne faut jamais rien refuser à son hôte. Alors, lorsqu’Oda Nobunaga exige d’Alessandro Valignano, jésuite italien, qu’il lui vende Yusuf, son esclave noir, celui-ci, chien de chrétien, est contraint d’accepter la coutume et donc la transaction.
Yusuf est placé sous la tutelle de Dame Mariko. Il s’appellera désormais Kuru, ce qui signifie « noir ». Il va commencer son initiation à la culture nippone et deviendra samouraï. Au fil des ans, on va suivre son action au service de son daimyo, dans une époque d’une extrême violence.

On connaît la passion de l’auteur pour la culture et l’histoire nippone. Avec Kurusan, le samouraï noir, Thierry Gloris a déniché un personnage étonnant. Il paraissait tellement improbable qu’un samouraï d’origine africaine ait intégré les rangs des combattants nippons. Pour combler les passages historiques flous, le scénariste a intégré des personnages fictifs, comme Mariko, l’épouse de Yasuke. Avec une scène finale en 2025, Gloris offre un hommage inattendu au folklore shintoïste.
Emiliano Zarcone aura servi la série avec autant de classe que Yasuke avec Nobunaga. Son scénariste ne l’a pas épargné dans les scènes cruelles pour lesquelles le dessinateur parvient à insuffler de l’émotion.

L’époque médiévale japonaise a quelque chose de fascinant. Ce n’est pas forcément le lieu et l’époque où il faisait bon vivre. Il en reste des témoignages historiques comme l’aventure de ce samouraï.
Série : Kurusan, le samouraï noir
Tome : 4 – Honnô-Ji
Genre : Samouraï
Scénario : Thierry Gloris
Dessins : Emiliano Zarcone
Couleurs : Cyril Saint-Blancat
Éditeur : Delcourt
ISBN : 9782413085188
Nombre de pages : 56
Prix : 15,50 €