Intelligence artificielle pour un corse naturel
« -Sortez de chez moi ! Et ne revenez plus dans mon jardin !!!
-Ça alors ?! Mais c’est une épidémie !!! Mais c’est quoi tous ces gens avec ces drôles de lunettes ?
-Ne m’en parle pas ! C’est la dernière trouvaille de JP ! Il vient d’ouvrir une agence immobilière étrange dans le village !
-Ancu què !! »
Notre vieil ami corse Petru Santu a besoin de se rendre à Zigunaccia. Ça tombe bien, Lesia va pouvoir le déposer. Elle passe par là pour aller au rectorat. Fraîchement nommée professeur des écoles, elle n’a pas encore de poste. Ça tombe bien, l’instituteur du village voudrait prendre sa retraite. Petru lui propose de la remplacer, mais les nominations ne se font pas aussi simplement que cela. Qu’à cela ne tienne. Notre sgio prufessore a quelques relations au rectorat. Alors, on va le rencontrer, ainsi que le Maire, pour qu’il lui trouve un logement. Du sang neuf pour enseigner les valeurs de la République, que demander de plus ? C’est en sortant de la Casa Cumunale, la Mairie, que Petru Santu et Lesia entendent des hurlements. Un type, les yeux cachés par un casque virtuel, se fait chasser d’une propriété privée à grands coups de balai.

Ces lunettes, c’est une idée de JP immobilier. Le lascar vend dans Zigunaccia 2.0. Il fait visiter à ses clients les parcelles et les biens virtuels. Il y a un vers dans le fruit du métavers. Et il n’y a pas que les clients de l’agence qui utilisent ce casque du futur. Chez Fitness in paese, les sportifs découvrent les forfaits 3D, avec des haltères virtuels en 3D. Lisandru sèche l’école pour se marrer en voyant les gens du village dans la peau de ses personnages favoris. Au marché, Carl’Anto a tout un stand de ces casques : des produits virtuels, mais avec des factures réelles. Les nouvelles technologies sont partout. Quand il n’est pas question de ces casques, c’est l’intelligence artificielle qui s’intègre dans la vie de tous les jours. A l’auberge de Fifine, c’est l’IA qui gère les stocks et donne les recettes.

Pour Petru Santu, fidèle à ses valeurs, trop, c’est trop. Il ne se reconnaît plus dans ce monde nouveau et observe avec désarroi ses contemporains qui perdent leur indépendance. Ajoutons à cela des élections qui se préparent. Entre complotistes, « bétonnistes » et « inertistes », les promesses en l’air s’appellent dorénavant virtuelles. Desideriu et Federzoni font de Petru Santu un éditorialiste, un fin analyste de l’évolution du monde. Le papi corse, babbo comme on le dit, passe du statut d’ancêtre du village à celui de philosophe. Lui, a vécu. Ce n’est pas à son âge qu’on va lui apprendre la vie. « O i mei.com », « Par mes aïeux.com », le dixième album de Petru Santu est certainement l’un des plus drôles. Attention, on n’est pas sottement dans le « c’était mieux avant », mais dans une mise en garde sur la maîtrise des technologies du futur.

Double dose ! Petru Santu revient plus en forme que jamais. Quatre-vingts ans au bas mot physiquement, beaucoup moins dans la tête et déjà vingt sur le papier. A l’occasion de cet anniversaire, Corsica Comix accompagne ce nouvel album d’un hors-série en langue corse, un best-of pour « 20 anni ».


Série : Petru Santu
Tome : 10 – O i mei.com
Genre : Humour
Scénario : Desideriu
Dessin : Frédéric Federzoni
Couleurs : Frédéric Federzoni & Sebgeko
Éditeur : Corsica Comix
Collection : Mad in Corsica
ISBN : 9791092481297
Nombre de pages : 48
Prix : 15 €