Une grande vadrouille
« -Bonjour m’sieur Prudhomme, c’est bon, j’ai livré les kiosques de la Madeleine et de Malesherbes.
-Oui… On a quelques soucis… Gipar ! T’es pas au courant ? Le rédac’chef a été arrêté !
-Garry ? Mais pourquoi ?
-Je sais pas… On l’a dénoncé !
-Dénoncé, Mais par qui ?
-Il y a des sales types partout, des collabos… Même dans la rédaction ! A ta place, je me méfierais ! »
Paris, octobre 1956. Jacques Gipar et Petit-Breton sont attablés au Café de la Paix. Soudain, le journaliste aperçoit une femme qui entre dans l’établissement. Cette vision va lui éveiller des souvenirs. Le voici replongé douze ans plus tôt, dans le même quartier, en mai 1944. Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale. Il livre les journaux pour le quotidien dans lequel il travaille. Accessoirement, il bricole avec la Résistance. Il risque d’avoir des problèmes. Il y a des collabos partout, même dans la rédaction. Il arrive à peine chez sa mère que la Gestapo débarque dans la cour de l’immeuble pour arrêter une famille juive. Jacques a juste le temps de s’enfuir par les toits avec Yvonne, la gamine de la famille. Commence alors une cavale de tous les dangers.

Avec cette histoire en flash-back, les auteurs offrent un passé et une consistance à leur personnage. Des années 50 pour revenir à la guerre, il n’y a qu’un pas. C’était hier. Le journaliste de France Enquêtes a été, on peut le dire, un héros de la Résistance. En risquant sa vie pour sauver une jeune fille juive, on le retrouve dans la peau d’une sorte de Monsieur Batignole, un homme ordinaire qui devient, par la seule force de son instinct, un héros extraordinaire. Jacques et Yvonne vont vivre leur « grande vadrouille ». Et cette étoile filante, elle ne traverse pas le ciel en laissant une traînée dans son sillage. Cette étoile filante, c’est cet abject insigne que les juifs étaient contraints d’arborer sur leurs vêtements et que Jacques va très rapidement arracher du manteau d’Yvonne, pour mieux filer… Découdre et en découdre, voilà leur objectif.

Le scénariste Thierry Dubois donne un souffle nouveau à la série. Cet amoureux des bagnoles et des routes n’en oublie pas pour autant l’ADN qui en a fait le succès, à savoir : les bagnoles et les routes. Il ne se contente pas d’une histoire de Résistance qui aurait pu être vécue par n’importe qui. Et non. Jacques et sa petite protégée parcourent les routes de France à bord de divers véhicules. C’est avant tout pour cela qu’une grande partie du lectorat suit les aventures de Jacques Gipar dans des histoires quand bien même fort bien menées. Le dessinateur Jean-Luc Delvaux met en scène l’action dans une ligne claire pure et intemporelle. Nancy Delvaux enveloppe le tout dans des couleurs qui glissent vers une ambiance et des tons un brin plus sombres pour souligner la tension de l’époque.

Il y a des étoiles qu’on n’aurait préféré ne jamais voir briller mais pour lesquelles on est soulagé lorsqu’on les voit filer. On découvre ici que le héros, au sens de personnage principal, des années 50 est à en fait un héros, au sens acte héroïque, de la vie. Avec douze albums au compteur, les aventures de Jacques Gipar font désormais figure de classique dans le domaine de la BD vintage.
Série : Jacques Gipar
Tome : 12 – L’étoile filante
Genre : Histoire
Dessins : Jean-Luc Delvaux
Scénario : Thierry Dubois
Couleurs : Nancy Delvaux (Callixte pour la couverture)
Éditeur : Paquet
Collection : Calandre
ISBN : 9782889324088
Nombre de pages : 48
Prix : 14,50 €