Vis ma vie de prof au Maghreb
« Ting !
-Et si c’était le Gabon, pour dire qu’il ne veut plus de nous ? Et si on était radiés de l’AEFE ? Avant même d’y être entrés ? Et si…?
-C’est peut-être un autre pays qui nous écrit ! Le meilleur moyen, c’est d’aller voir le message. »
2008. Anna est prof d’histoire-géo remplaçante. Elle navigue de lycées en collèges sans jamais s’épanouir dans son métier. Avec son compagnon exerçant la même profession, ils décident de partir enseigner à l’étranger. Ils émettent plusieurs vœux et sont finalement acceptés dans des lycées en Tunisie. Ce pays, ils allaient le découvrir, y vivre, y travailler et s’y faire de nouveaux amis. Août 2009, sous une chaleur écrasante, ils posent les pieds sur le sol africain. Un employé de l’ambassade les aide dans les démarches puis direction La Marsa, dans la banlieue nord de Tunis. Les panneaux sont heureusement bilingues. Le président Ben Ali est omniprésent sur les affichages. C’est oppressant, mais les consignes sont strictes : ne pas critiquer le régime, ne pas aborder la limitation des libertés, rassemblements et manifestations interdits,… Anna, Boris et leur chat sont ensuite accueillis par leurs logeurs chez qui ils louent l’étage.
C’est le ramadam. Leurs hôtes leur proposent de trinquer à leur arrivée, mais sans boire eux-mêmes. La nuit, il fait si chaud qu’il est difficile de trouver le sommeil. L’appel à la prière par le muezzin va finir de les réveiller. Au fil des jours, le couple va découvrir les coutumes, les habitants, l’architecture et l’Histoire du pays. Avec eux, on va visiter la médina par la Bab Bhar, la « porte de la mer », l’antique Carthage, les murs blancs et les portes bleues du village voisin de Sidi Bou Saïd, ainsi que les lieux de tournage de certaines scènes de Star Wars. Ils vont aussi découvrir la réalité sous la carte postale clichée, avec notamment une police mal payée et corrompue. Avec eux, on va ensuite faire la rentrée scolaire, chacun dans son lycée. Les élèves sont en majorité français, tunisiens et franco-tunisiens. Leurs parents sont en général aisés. Les classes sont chargées et les conditions de l’accès à la scolarité ne sont pas les mêmes pour tous. Anna et Boris vont aussi avoir envie d’apprendre l’arabe, non sans mal.
C’est en décembre 2010 que tout va basculer. Mohamed Bouazizi, 26 ans, s’immole par le feu devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid après qu’on lui a confisqué sa carriole et sa marchandise de fruits et légumes avec laquelle il faisait vivre les siens. Le président Ben Ali se rend à son chevet et promet d’aider la famille, tout en dénonçant les manifestations qui éclatent dans le pays. Début janvier, le jeune homme décède. Il devient l’emblème d’une jeunesse sacrifiée, qui préfère mourir que de vivre dans l’injustice et la misère. Contre la rébellion, la répression est violente. C’est la révolution du jasmin, qui déclenchera les révolutions du printemps arabe en Lybie, en Egypte et en Syrie. Pendant ce temps, Anna et Boris sont en vacances en France. Compte tenu de cette actualité tragique, quel est leur avenir en Tunisie ?
Anna et son mari auront passé quatre ans en Tunisie. Antiquité, culture, dictature, révolution et évolution auront été les piliers d’un séjour inoubliable que nous fait partager l’autrice dans cette chronique en immersion, émouvante, dramatique, mais aussi drôle. Guy Delisle a fait des émules.
One shot : Chroniques de Tunisie Une française au pays de la révolution
Genre : Reportage
Scénario, Dessins & Couleurs : Anna Chronique
Éditeur : Dunod Graphic
ISBN : 9782100863815
Nombre de pages : 160
Prix : 19,90 €
© Chronique – Dunod Graphic