Rituels sataniques
« -Agent West, FBI…
-Pourquoi est-ce que le FBI me cherche moi ?
-Vous êtes Nathalie Burns, pas vrai ? Des six de Satan ?
-C’est mon nom, oui… Mais personne ne nous appelait comme ça… Pas dans la vraie vie.
-Eh bien peu importe, puisqu’il ne reste plus que trois d’entre vous, à présent… C’est pour ça que je suis là… Pour vous parler d’une série de meurtres… »
Une femme conduit une voiture sur une route de montagne américaine. La nuit est tombée. Elle s’arrête au Front Office de Lake Lane pour prendre possession du chalet qu’elle a loué. Arrivée devant la cabane avec vue sur le lac, elle ouvre le coffre de son véhicule et en sort le jeune otage qu’elle détient. C’est un ado fugueur qu’elle ramène à sa famille. Dans la soirée, elle découvre entre deux livres une caméra espion. Elle est observée. Profitant qu’elle le détache pour remonter en voiture, le gamin s’évade. C’est en le poursuivant qu’elle est arrêtée par la police. Le lendemain, dans sa cellule, elle est interrogée par l’agent West du FBI. Elle s’appelle Nathalie Burns et fait partie du groupe des six de Satan, un groupe d’enfants qui a jadis dénoncé les violences rituelles dont ils furent victimes dans un camp de vacances. Aujourd’hui, le FBI a besoin d’elle car un tueur s’en prend à ces six victimes.

Quelques années auparavant, à l’été 88, Nathalie fréquentait un centre de vacances pour enfants, le genre d’endroit où on vous envoie faire du patin à roulettes ou jouer à la balle au prisonnier. Leur histoire n’était pas différente des autres. Six enfants qui dénonçaient des violences rituelles. L’une d’entre elles, sept ans, a prétendu avoir accouché d’un démon. Ça n’étonnait personne. L’engrenage était lancé. Aujourd’hui, trois de ces ex-enfants ont été assassinés dans des conditions particulièrement sordides. Le groupe est manifestement ciblé. L’agent West propose un deal à Nathalie. Si elle l’aide à retrouver les deux autres survivants, elle étant la troisième, les poursuites contre elle seraient abandonnées.

Ed Brubaker et le duo Phillips père et fils sont de retour pour un one shot noir de chez noir de haute volée. Les auteurs de la série polar Reckless s’attaquent aux rituels sataniques et posent la question de la valeur de la parole d’enfants dans les affaires judiciaires, tout devant toujours être pris au sérieux et considéré. Entre flash-backs et présent, le duo West-Nathalie mène une enquête qui, faisons confiance aux auteurs, leur réservera bien des surprises… ainsi qu’aux lecteurs. On se croirait dans l’excellente série HBO True Detective. Brubaker construit son scénario en multipliant les rebondissements. Sean Phillips dessine des personnages aux attitudes réalistes, presque photographiques. Les couleurs de Jacob Phillips sèment le trouble entre fantastique et réalité. Au fil des chapitres, le sang de l’étoile rouge coule le long des pages.

Les Brubaker-Phillips portent le Comics américain réaliste à un niveau qu’il va être difficile d’égaler. Chacun de leurs albums est un coup de maître surpassant le précédent. Entre True Detective et Seven, la maison des impies est immanquable pour tous les passionnés de polars noirs.
One shot : La maison des impies
Genre : Thriller / Polar
Scénario : Ed Brubaker
Dessins : Sean Phillips
Couleurs : Jacob Phillips
Éditeur : Delcourt
Collection : Contrebande
ISBN : 9782413086857
Nombre de pages : 144
Prix : 18,50 €